Des artistes sénégalais et étrangers et des galeristes, bien avancés dans les préparatifs de la 15ᵉ Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art), ont décidé de maintenir leur programme malgré l’annonce, jeudi, par l’État sénégalais, du report de cette édition à la période du 7 novembre au 7 décembre.
Le peintre Zulu Mbaye, président de l’Association des artistes plasticiens du village des arts de Dakar, estime que ce report est un “coup très dur” pour les artistes.
Il est à mettre selon lui sur le dos de ceux qui n’ont pas été “dynamiques dans l’organisation du projet” de cette édition de la biennale de Dakar.
“Cela a été volontaire et délibéré parce qu’ils avaient deux ans pour préparer cette édition”, rappelle-t-il.
Il indique que deux des trois grands projets qu’il devait accueillir seront maintenus et débuteront le 16 mai prochain.
Il s’agit, dit-il, de l’exposition prévue au musée Boribana entre cinq artistes sénégalais et cinq de leurs homologues venant des États-Unis.
L’autre exposition retenue et prévue à l’espace Sokhamon à Dakar va réunir douze artistes du Nigeria.
Il déclare que seul le projet concernant des artistes de la Barbade qui devait être suivi de la signature d’accords culturels entre le Sénégal et cet État des Caraïbes a été reporté à novembre.
“Certains sont beaucoup avancés dans les préparatifs avec l’achat des billets d’avion non remboursables, des réservations d’hôtels et les projets. Risquant de tout perdre, ils ont préféré maintenir leur programme”, a expliqué Zulu Mbaye.
Il en est ainsi à l’espace “OH Gallery”, sis au centre-ville de Dakar. Ses occupants comptent tenir leurs activités du 16 mai au 16 juin prochain.
“Tout est maintenu, car ce n’est pas à trois semaines d’un évènement qu’il faut annuler. Des frais ont été engagés, les gens ont bouclé leur planning. Nous avons décidé avec les artistes de maintenir tous les programmes, aucun ne saute à notre niveau”, martèle Océane Harati, responsable de “OH Gallery”.
Elle annonce l’ouverture, le 11 mai, des programmes de la galerie avec l’organisation de quatre grandes expositions dans ses locaux et en dehors, avec, entre autres, des artistes sénégalais tels que Soly Cissé.
Une exposition intitulée “Le monde perdu” et accompagnée d’un texte écrit par le critique d’art Babacar Mbaye Diop est prévue à cette occasion.
Il est aussi prévu une exposition avec Viyé Diba sur “Archives textiles”, accompagnée d’un texte d’El Hadji Malick Ndiaye, directeur du musée Théodore Monod de l’IFAN, l’Institut fondamental d’Afrique noire.
Océane Harati signale aussi que le programme comporte des tables rondes et débats.
L’artiste Ican Ramajali du “Laboratoire Agit’Art” pense pour sa part que ce report de la biennale “affaiblit la culture et les arts au Sénégal”, car pour lui, “le Dak’Art est une fête des artistes qui, à l’occasion, exposent leurs réflexions sur la marche du monde”, selon APS.
“Pendant la crise, tous les autres chantiers ont continué, on construisait des routes, le travail dans les bureaux n’était pas interrompu, pourquoi la Biennale subit ce coup ?”, s’interroge-t-il.
Malgré le report, dit-il, “le Parcourt” (structure regroupant des galeristes et artistes) a maintenu ses activités, car les budgets ont été consommés depuis six mois avec tous les préparatifs entamés.
Celui qui invite à la tenue d’assises de la culture estime que la biennale de Dakar est “unique” en son genre, parce qu’elle est organisée sur l’étendue du territoire national.