Les relations entre les parties se sont fortement dégradées. En effet, l’Association du personnel et la section syndicale ESMT du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et de la recherche (Sudes/ESR) dénoncent la mal gouvernance de l’école et pointent du doigt le directeur M. Adamou Moussa Saley à la tête de l’école depuis 2018. Tous réclament la non reconduction du nigérien à la poste de directeur.
Depuis plusieurs semaines, l’École Supérieure Multinationale des Télécommunications (ESMT) fait face à un mouvement de protestation mené par le personnel enseignant, administratif et technique. La raison de ce mouvement est la reconduction pour un mandat supplémentaire du Directeur Général de l’école, Adamou Moussa Saley, malgré les constats d’un audit externe pointant une gestion médiocre de l’école.
Le personnel de l’École supérieure multinationale des télécommunications réuni en Association du personnel de l’ESMT, a déclenché depuis le 22 mars 2023 des mouvements de grève pour s’opposer à toute tentative de renouvellement du mandat des dirigeants, alors que les conclusions du rapport du cabinet chargé de l’évaluation des performances, recommandent formellement le non-renouvellement de leur mandat.
L’Association du personnel et la section syndicale ESMT du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et de la recherche (Sudes/ESR), selon une note, dénoncent la décision prise par le Conseil des ministres de l’ESMT à travers son communiqué final daté du 27 mars 2023, de renouveler le mandat des dirigeants pour une durée de quatre ans.
À la lecture du communiqué reçu le 28 avril 2023, ils ont constaté que la résolution portant renouvellement du mandat du directeur général et du directeur de l’Enseignement, de la Formation et de la Recherche ne fait nullement mention des performances réalisées. Cela démontre, à leurs yeux, le caractère purement politique de cette décision.
En outre, le Conseil des ministres, à travers ce communiqué, semble se satisfaire de performances passables, insuffisantes, voire même médiocres, ‘’ce que nous considérons comme inacceptable pour une école d’excellence comme l’ESMT. Les actions de grève vont se poursuivre avec 72 heures de grève à partir de ce mercredi 3 mai 2023’’, informe-t-on dans le document.
L’ESMT, établissement d’enseignement supérieur constitué par sept États (Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal), a été créée il y a plus de 40 ans pour former des spécialistes dans le domaine des télécommunications. Le choix du directeur général et des grandes décisions sont prises par le conseil des ministres des télécommunications des sept pays membres.
La nomination de M. Adamou Moussa Saley en 2018, un ancien élève de l’école, avait été perçue comme un signe d’espoir et de fierté pour l’institution face aux enjeux technologiques du numérique. Cependant, son mandat a été marqué par une gestion controversée, pointée du doigt par un rapport d’audit externe.
Face à cette reconduction, le personnel enseignant, administratif et technique a décrété des actions de protestation telles que le boycott des réunions du comité de direction et pédagogiques, la rétention des notes et évaluations des étudiants, le boycott des conseils de classe, la suspension des projets rattachés au programme d’activités et au budget 2023, le boycott des travaux préparatoires et de la participation aux conseils d’administration et scientifiques et pédagogiques, ainsi qu’un débrayage tous les vendredis à partir de 10h et une grève générale de 24h chaque semaine.
Le comité revendique ainsi la fin des fonctions du Directeur Général et du Directeur de l’Enseignement, de la formation et de la Recherche, la mise en place d’une équipe de transition pendant toute la période du recrutement et de nomination de nouveaux dirigeants, ainsi que l’exigence dorénavant des résultats performants sur le plan de la gestion pédagogique, administrative et financière de l’école.
La situation a également affecté les étudiants, qui ont organisé un débrayage et une grève de 72 heures décrétée par l’association des parents d’élèves. Face à cette situation, un parent a demandé à M. Adamou Moussa Saley s’il serait prêt à démissionner pour le bien de l’école. Sa réponse a été sans équivoque : « Le mot « démission » ne fait pas partie de mon dictionnaire. Je ne démissionnerai jamais de l’école. »
Cette situation plonge les centaines d’étudiants dans l’incertitude quant à la validité de leur année universitaire et met en danger leur avenir professionnel. La situation semble bloquée et aucun compromis n’a été trouvé entre la direction de l’école et le personnel en grève.
Cette crise pose également la question de la gouvernance de l’institution. Plus de 90% du personnel est contre la reconduction du Directeur Général, ce qui témoigne d’une mauvaise gestion de l’école et d’une absence de dialogue et de concertation entre la direction et le personnel.
Il est crucial que les autorités compétentes prennent des mesures pour résoudre cette crise et assurer le bon fonctionnement de l’ESMT, une école de renommée mondiale pour son excellence et sa capacité à former des jeunes prodiges dans le domaine des télécommunications.
Il est également important de souligner que cette situation ne peut être réglée par la violence ou la destruction de biens publics, comme cela a pu être observé dans d’autres contextes de contestation. Le dialogue, le respect mutuel et la recherche de solutions concertées sont indispensables pour sortir de cette crise et garantir l’avenir de cette institution.
En somme, cette crise à l’ESMT met en lumière les enjeux de la gouvernance des établissements d’enseignement supérieur et souligne la nécessité de mettre en place des mécanismes de dialogue et de concertation entre la direction et le personnel pour assurer le bon fonctionnement de ces institutions et garantir la qualité de l’enseignement dispensé aux étudiants.