À partir du 1er août, une surtaxe de 30 % sur les importations sud-africaines va frapper de plein fouet l’industrie américaine des santiags — ces bottes de cowboy parfois façonnées dans le cuir d’autruche —, conséquence inattendue des nouvelles politiques tarifaires décidées par Donald Trump.
Le cuir d’autruche, une matière première incontournable
Les tanneries d’Oudtshoorn, en Afrique du Sud, produisent plus de la moitié du cuir d’autruche mondial, avec près de 55 % pour Cape Karoo International (CKI) et jusqu’à 70 % pour l’ensemble du pays. Cette région, célèbre pour ses élevages centenaires nichés dans le Petit Karoo, exporte 20 % de sa production vers les États-Unis, où des marques texanes emblématiques comme Lucchese ou Justin en font un produit phare.
Un impact économique et culturel
Pour Ryan Vaughan, fondateur de Rios of Mercedes, la peau d’autruche est un matériau unique : résistante, souple et confortable, elle “épouse le pied” comme aucune autre. Les bottes artisanales, souvent vendues plusieurs centaines de dollars, reposent donc sur cet approvisionnement sud-africain de qualité. Mais avec ces taxes, “un obstacle conséquent pour l’industrie western” se profile.
Une industrie fragilisée malgré l’absence de production locale
Malgré l’objectif affiché de relancer la production américaine, les États-Unis ne sont pas adaptés à l’élevage d’autruches. Selon Francois de Wet, directeur général de CKI, la valeur ajoutée des produits est surtout réalisée aux États-Unis, et il serait difficile pour les producteurs sud-africains d’absorber seuls une telle surtaxe ; le coût devrait donc être partagé entre fabricants texans et consommateurs.
Selon le journal le 360 Afrique, pour l’instant, CKI ne prévoit pas de licenciements, mais prévient que le maintien prolongé de ces droits pourrait ralentir ses activités. À Oudtshoorn, ville encore marquée par l’époque faste des “palais de plumes” du début du XXe siècle, l’avenir de l’industrie reste incertain, d’autant que le climat semi-désertique et les faibles pluies limitent les alternatives agricoles.
Genèse MOUKAHA