Addis-Abeba – L’Éthiopie a franchi une étape historique avec l’achèvement du Grand Barrage de la Renaissance (GERD), un projet emblématique lancé en 2011 sur le Nil Bleu. Ce mégaprojet énergétique, entièrement financé sur fonds propres, s’élève à plus de 4 milliards de dollars, une première dans l’histoire moderne de l’Afrique en matière d’infrastructure de cette ampleur sans recours à des bailleurs internationaux.
Doté d’une capacité de production de 5 150 mégawatts, le GERD devient la plus grande centrale hydroélectrique du continent africain et l’une des plus puissantes au monde. À ce jour, six turbines sont déjà en activité, et les autres devraient entrer en service d’ici les prochains mois. Le barrage devrait permettre à l’Éthiopie de répondre à une demande énergétique en constante augmentation et de générer jusqu’à un milliard de dollars de revenus annuels grâce à l’exportation d’électricité vers plusieurs pays de la région, dont le Soudan, le Kenya, Djibouti et la Tanzanie.
Au-delà de sa performance énergétique, le barrage représente un levier stratégique pour l’industrialisation du pays et l’amélioration de l’accès à l’électricité, notamment dans les zones rurales. Le gouvernement ambitionne d’atteindre une couverture énergétique universelle d’ici 2025, ce qui aurait un impact direct sur les secteurs clés tels que l’éducation, la santé et l’économie locale.
Mais ce succès technique ne fait pas l’unanimité. L’Égypte et le Soudan, qui dépendent fortement des eaux du Nil, expriment depuis plusieurs années leurs inquiétudes. Le Caire accuse Addis-Abeba d’avoir agi unilatéralement, redoutant une baisse du débit fluvial qui pourrait affecter l’irrigation et l’approvisionnement en eau potable. Des négociations tripartites sous l’égide de l’Union africaine et de l’ONU se poursuivent, dans l’espoir d’éviter une escalade des tensions régionales.
Genèse MOUKAHA