Les négociations historiques au sommet africain sur le climat doivent s’achever mercredi, les dirigeants cherchant une voix unie sur la scène mondiale pour mettre en valeur le potentiel de croissance verte du continent si le monde renforce son aide en matière de financement et d’endettement.
Le président de la République, Macky Sall, a plaidé mardi à Nairobi pour une « position commune » des pays africains en vue du respect des engagements convenus dans l’Accord de Paris sur le climat pour le financement vert.
Le Chef de l’Etat sénégalais prend part depuis lundi au premier sommet africain sur le climat qui se tient dans la capitale du Kenya, en prélude à la 28e Conférence internationale de l’Organisation des Nations unies sur les changements climatiques (COP 28) prévue du 30 novembre au 12 décembre prochains à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis.
« Le moment est en effet propice pour faire le point sur l’état de mise en œuvre des engagements sur le climat et convenir d’une position africaine commune. Les périls liés au réchauffement climatique continuent d’affecter nos pays. Et pire, ils se sont même aggravés », a-t-il dit dans un discours dont copie est parvenue à l’APS.
Je remercie le Président @WilliamsRuto pour son aimable invitation et pour l’accueil convivial qui nous a été réservé à l’occasion de ce premier sommet africain sur le climat, en prélude à la COP 28 de Dubaï.
Le moment est en effet propice pour faire le point sur l’état de mise… pic.twitter.com/khs6Xu9hC0— Macky Sall (@Macky_Sall) September 5, 2023
Le chef de l’Etat sénégalais a déploré le non-respect des engagements de Paris et le manque de ressources financières allouées aux pays africains qui « sont les plus impactés ».
« Les derniers rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirment que les pays africains resteront parmi les plus impactés par le changement climatique, alors même qu’ils contribuent pour moins de 4% aux émissions de gaz à effet de serre », a rappelé M. Sall.
Il a invité les Africains à entreprendre « des initiatives novatrices pour la recherche de solutions sobres en carbone et résilientes au changement climatique pour faire face à l’urgence climatique ».
Macky Sall a souligné qu’au plan continental, « 11 pays de la bande sahélo-saharienne exécutent le projet de Grande muraille verte depuis une décennie ».
Il a déploré le fait que « pour l’essentiel, nos pays financent par eux-mêmes leurs projets verts en faisant recours à la dette, alors que le financement de l’adaptation devrait être soutenu par des dons conformément aux engagements convenus dans l’Accord de Paris sur le climat ».
Le Chef de l’Etat sénégalais a exhorté ses homologues à poursuivre « le plaidoyer pour la mobilisation des ressources dédiées aux financements verts qui constituent la clé de voûte du combat contre le réchauffement climatique ».
Il a exprimé son soutien à l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique, initiée par la Banque africaine de développement (BAD), l’Union africaine et l’organisation Africa 50 pour soutenir la réalisation de « projets sobres en carbone et résilients au changement climatique».
Macky Sall a appelé tous les partenaires à contribuer à cette nouvelle initiative.
« En définitive, c’est l’action climatique conséquente, par une mobilisation responsable et solidaire de tous les pays, développés et en développement, qui pourra aider à sauver la planète », a-t-il estimé
William Ruto a affirmé mardi que les dirigeants africains imaginaient un « avenir dans lequel l’Afrique entrerait enfin sur la scène en tant que puissance économique et industrielle, acteur efficace et positif sur la scène mondiale ».
Le président kényan estime que l’Afrique est bien placée pour tirer parti de la nécessité de s’éloigner des combustibles fossiles polluants, avec une population jeune, un vaste potentiel renouvelable et des ressources naturelles.
Mardi, les Emirats arabes unis, qui accueilleront la prochaine conférence de l’ONU sur le climat (COP28) en fin d’année, ont promis 4,5 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) d’investissement dans les énergies propres en Afrique.
Mais les défis sont écrasants dans un continent où 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité.Et les dirigeants africains ne cessent de souligner les obstacles financiers considérables.
Les pays africains sont paralysés par le fardeau croissant de leur dette et le manque de financements. Malgré son potentiel en ressources naturelles, seulement 3% des investissements énergétiques dans le monde sont réalisés sur le continent.
« Nous devons nous assurer que les financements climatiques soient plus disponibles, abordables et accessibles à tous les pays en développement, y compris ceux d’Afrique », ont déclaré lundi William Ruto, le président de la COP28, Sultan Al-Jaber, et le chef de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, dans un communiqué commun.
À l’échelle mondiale, les pays riches n’ont pas encore tenu leur engagement de fournir, d’ici 2020, 100 milliards de dollars par an en financement climatique aux pays les plus pauvres.