Le combat continue alors. Seize ans après le « Joola » la Cour de cassation française a confirmé le 16 octobre le non-lieu prononcé en appel en juin 2016. Les familles des victimes veulent porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Dès 2016, les responsabilités dans le drame avaient été reconnues au niveau des autorités politique, militaire et maritime sénégalaises par la cour d’appel de Paris. Pour autant, celle-ci avait prononcé un non-lieu au motif de « l’immunité de juridiction », soit « une coutume internationale s’opposant à la poursuite des États et de leurs dirigeants devant les juridictions pénales d’un État étranger », explique Nassardine Aidara, coordinateur du Comité d’initiative pour l’érection du mémorial-musée le Joola.
Se saisir de la Cour européenne des droits de l’homme
Aujourd’hui, les familles des victimes ont épuisé leurs recours devant la justice française. Elles n’ont pas non plus de recours au Sénégal, où l’affaire a été classée en 2003, jugeant que le capitaine du bateau, lequel ferait partie des victimes du naufrage, était le seul responsable des faits. « Ce n’est évidemment pas lui le responsable ! Et l’arrêt de la Cour de cassation le confirme. La justice française a pointé la responsabilité de neuf dirigeants sénégalais de l’époque, » s’insurge Alain Verschatse.
Conscient que ses chances d’obtenir justice sont minces, le représentant des familles de victimes françaises veut continuer le combat. « Le Sénégal a été sauvé par la diplomatie française, affirme-t-il, mais nous allons nous adresser à la Cour européenne des droits de l’homme pour tenter de faire modifier cette immunité de juridiction. Le combat aurait sans doute été plus facile contre un État ne figurant pas dans les petits papiers de la France, mais nous irons jusqu’au bout, au nom des 2 000 victimes sénégalaises, françaises et européennes, » promet-il.