Le Sénégal est un des pays les plus connectés de l’Afrique de l’Ouest avec 22,7% de taux de pénétration. Cet essor d’Internet a favorisé le développement de nouvelles activités et l’émergence de nouveaux acteurs.
Le Sénégal, avec plus de 3 millions d’internautes est devenu un marché attractif pour les géants du commerce en ligne. Ils sont plus d’une soixantaine de sites de commerce en ligne qui sont présents sur le marché sénégalais, des sites de petites annonces aux sites spécialisés. Ces boutiques en ligne développent même un partenariat avec de jeunes vendeurs (sans boutique). « C’est une collaboration incroyable, ce sont parfois de jeunes étudiants qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts et qui ont eu l’idée de mettre leur produit sur le site et ainsi donc à générer des profits. Ils s’en sortent pas mal et ce qui est extraordinaire est qu’ils n’ont pas de magasin.», explique, tout enthousiaste Ousmane Niang, chef du service marketing de Jumia.
Le procédé utilisé par ces « nouveaux entrepreneurs » est simple, ils prennent en photo l’article qu’ils veulent revendre puis le postent sur le site qui les héberge. Le client convaincu par l’article en question fait la commande et se voit livré le produit. C’est le même procédé qu’a suivi Karamokho Diaby, un étudiant qui voulait acheter un scooter. « J’ai vu le scooter sur un site de petites annonces. J’ai lu les caractéristiques puis j’ai contacté le vendeur », explique le jeune étudiant assis sur son scooter.
Avec le taux de pénétration du transfert mobile qui monte en flèche au Sénégal, le paiement se fait parfois par le biais de ce canal. Cependant, certains clients se méfient de ce mode de paiement. C’est le cas de Diène Ngom qui a exigé le paiement en espèce lors de l’achat de son téléphone. Néanmoins, il se dit satisfait de l’avoir acheté. « D’autant que le téléphone a une garantie, en cas de panne technique je peux le leur retourner. »
L’avantage du commerce en ligne par rapport au commerce traditionnel qu’il facilite le ciblage de ses consommateurs grâce aux outils d’analyse d’audience très puissants. « Cela permettra aux commerciaux du commerce traditionnel de mieux connaitre leurs cibles et leurs parcours d’achats afin de leur proposer des offres de produits correspondants. Coté budget et revenu, mettre en place un site e-commerce coûte mois cher que d’ouvrir un commerce physique et si la boutique physique a des horaires de fermeture et d’ouverture, la boutique en ligne elle peut fonctionner 24h/24 et toute la semaine. » explique Mamadou Mactar, social media manager.
Des vendeurs sans expérience du e-commerce le réadapte au marché virtuel sénégalais
A côté des sites d’e-commerce, on retrouve ceux qui utilisent des pages Facebook pourécouler leur produit. Amadou qui a souhaité gardé l’anonymat tient une boutique en ligne où il expose ses articles et fait des livraisons à domicile. Il se qualifie comme autodidacte du e-commerce, « tout ce que je sais c’est grâce à des vidéos de tutoriel que j’ai visionnées. Pour le moment je m’en sors pas mal, d’ailleurs avec la fête de Tabaski qui approche mes ventes vont exploser », affirme Amadou.
Si les affaires d’Amadou se portent bien, Mamadou Mactar pense qu’il aurait créé beaucoup plus d’emplois, s’il avait un site d’e-commerce. « Un chef de projet web, un responsable acquisition client et un responsable logistique sont 3 postes qui sont d’emblée des responsabilités clés pour un site e-commerce » explique-t-il. Si ces pages Facebook de commerce en ligne ne disposent pas d’outils d’analyse d’audience des géants des sites e-commerce, Mamadou Mactar reconnait quand-même leur ingéniosité. « ce qui est magnifique, c’est que ces vendeurs sur les réseaux sociaux même sans site internet arrivent à mettre des processus qui marchent. ils se basent sur les groupes de vente Facebook et donc se créent ce qu’on appelle une communauté de partage et arrivent à faire des ventes, mais également ils se rabattent sur Whatsapp pour s’en servir comme service client. Ce qui est très malin étant donné que beaucoup de sénégalais pensent que internet = Facebook et Whatsapp », poursuit-il.
En attendant, le commerce en ligne continue son petit bonhomme de chemin avec un avenir radieux à l’horizon. Cependant un autre chantier l’attend, celui du vide juridique.