Être député au Sénégal, c’est bien un métier. La députation est devenue un métier tellement convoitée que les populations ne cessent de se demander si ces futurs parlementaires seront à l’hémicycle pour servir le pays ou se servir.
Le Sénégal vit un moment palpitant, spécial, mais aussi déterminant pour son avenir politique à l’occasion des législatives du 30 juillet. Contrairement à 2012 avec 27 listes, nous assistons à une foison sans précédent de candidatures à la représentation nationale : 47 listes, autant de candidats au perchoir, environ 7700 sénégalais nominés, qui aspirent à être députés, pour seulement 165 postes électifs. Cette pléthore de listes constitue un triste record montrant combien nos « politiciens » sont avides de pouvoir et de privilèges.
La quasi-totalité des responsables et militants des partis et ou coalitions de partis politiques veulent être député. Ce qui laisse croire qu’ils ne pensent qu’aux avantages inhérents aux fonctions de parlementaire.
Ce qui fait d’ailleurs dire à certains observateurs et analystes que le taux d’abstention risque d’être élevé contrairement aux précédentes élections. Le premier enjeu démocratique, celui là touche donc à la participation de l’électorat à ce scrutin. Car le constat fait est que la présidentielle a toujours été plus courue que les législatives au Sénégal. La raison peut se trouver dans le système fortement présidentialiste, qui met le législatif à la traine de l’exécutif, mais également dans le fait que les parlementaires sont très peu attachés à leur terroir et souvent, sitôt élu ils s’identifient plus comme des députés du président de la république et de son parti que comme des élus du peuple.
A titre d’exemple aux dernières législatives le taux de participation n’a avoisiné que 36,76% ; sur un total de 5.368.783 inscrits moins de deux millions ont voté alors qu’en 2007 le taux de participation était de 38%.
Une désaffection qui montre bien que les populations s’identifient peu à des députés censés les représenter à l’hémicycle plus prompt à faire passer les projets du gouvernement qu’à proposer des lois allant dans le sens des intérêts de leurs mandants. C’est le cas de la 12ème législature qui en 5 ans n’a fait qu’une seule proposition de loi relative au changement du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Certes les partis ou coalitions de partis politique pour la plus part ont trouvé un « consensus » avec la Commission électorale nationale autonome(Cena) sur le choix d’au moins 5 listes par l’électeur avant d’aller dans l’isoloir. Mais au delà de la pléthore des listes, il y a d’autres problèmes qui se posent et qui peuvent avoir des impacts sur le taux de participation.
La production et la distribution des cartes d’électeurs
A ce jour, prés de 40% des 4,5 millions de cartes produites sont en souffrance dans les commissions de distribution, selon les dernières estimations. Il s’y ajoute le gap de prés de deux millions de cartes à éditer d’ici à la date des élections. Or avec la capacité de production actuelle (6000 à 7000 cartes par jour), la production risque de se poursuivre jusqu’à la dernière semaine d’avant scrutin, sans être assuré que celle-ci seront remises aux électeurs malgré le dispositif déployé par les services centraux (La DGEet L a DAF), ainsi que les autorités administratives. La date des élections coïncidant avec la période hivernale, à l’intérieur du pays des populations sont plutôt occupées par les travaux champêtres.
Pour éviter un faible taux de participation, les états-majors politiques et certains mouvements dits de la société civile doivent s’investir à fond en amont pour convaincre les citoyens à aller retirer leurs cartes d’électeurs, pour accomplir leur devoir civique le 30 juillet prochain.
La couverture de la campagne électorale
Pour la couverture médiatique de la campagne électorale, le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (Cnra) a donné à chaque candidat 2 minutes. Ce qui est relativement faible par rapport a ce qui a été décidé, lors des précédentes élections législatives, où chaque candidat avait 3 à 5 minutes pour décliner son programme et convaincre les électeurs.
Des Bureaux de vote saturés
L’équation des 47 listes étant résolue avec le choix de 5 bulletins, l’autre problème non moins important est les différents représentants ou mandataires de listes qui vont siéger dans les bureaux de vote. Dans certains centres de vote, notamment dans les capitales régionales chacun des 47 candidats devant avoir un représentant sur place, il ne serait pas étonnant de retrouver plus de 50 individus dans chaque bureau, en intégrant le président de jury et les représentants de la commission électorale nationale autonome (CENA). Ce surnombre n’est pas sans poser des problèmes d’organisation et de contrôle qui pourraient décourager les électeurs.
Des Bulletins qui se ressemblent !
La confusion sur les listes risque de se multiplier le jour du vote, car plusieurs bulletins se ressemblent en termes de couleurs de disposition graphique et d’appellation. Amsatou Sow Sidibé leader de la troisième voie politique/Ettu Askanwi avait accusé Cheikh Tidiane Gadio leader de Pole alternatif/ troisieme voie Sénégal Dey Dem de plagiat.