Un nouveau chantier numérique met en évidence la compétition entre Washington et Pékin. Le câble sous-marin Medusa, déjà en cours de déploiement pour relier l’Europe au Maghreb, devrait être prolongé vers les côtes atlantiques de l’Afrique.
Cette extension, soutenue financièrement par l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) en partenariat avec AFR-IX Telecom, vise à connecter une vingtaine de pays africains et à renforcer leur accès au haut débit. Officiellement, il s’agit de bâtir des « infrastructures fiables ». En réalité, le projet s’inscrit dans une stratégie américaine visant à limiter l’influence de la Chine, déjà très présente dans les réseaux télécoms du continent.
Selon les détails du journal le 360 Afrique, le câble Medusa, doté de 24 paires de fibres d’une capacité de 20 térabits par seconde chacune, doit faire des pays du Maghreb des hubs numériques vers l’Europe. Avec l’extension atlantique, des États comme le Gabon ou la République démocratique du Congo pourraient devenir des points d’ancrage stratégiques pour l’Afrique centrale.
Au-delà des avantages économiques attendus — baisse du coût d’Internet, développement des services numériques, essor du e-commerce et des startups — le projet soulève des interrogations sur la souveraineté numérique. La forte implication américaine risque en effet de placer les pays africains dans une dépendance technologique accrue.
Pour l’heure, une étude de faisabilité a été lancée, financée en partie par l’Union européenne (14,3 millions d’euros). Mais le pilotage américain de l’extension du câble laisse entrevoir un futur numérique africain de plus en plus traversé par les rivalités géopolitiques mondiales.
Genèse MOUKAHA