La situation reste tendue à Douala après la déclaration surprise d’Issa Tchiroma Bakary, candidat à la présidentielle camerounaise, qui s’est autoproclamé vainqueur du scrutin du 12 octobre.
Peu après cette annonce, des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs quartiers de la capitale économique. Des gaz lacrymogènes ont été tirés pour disperser la foule et de fortes patrouilles policières ont été déployées dans la ville.
Pour l’instant, aucun résultat officiel n’a été communiqué par les autorités électorales ni par la Cour constitutionnelle. Selon le calendrier prévu, la proclamation des résultats devrait intervenir autour du 26 octobre.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Issa Tchiroma a affirmé que sa victoire était « indiscutable » et a promis de rendre public un rapport complet détaillant les votes par région. Ancien ministre et ancien porte-parole du gouvernement de Paul Biya, Tchiroma s’est lancé dans la course présidentielle après avoir quitté le pouvoir en 2024, soutenu par une coalition d’opposants.
Cette revendication intervient dans un climat politique déjà fragile. Paul Biya, 92 ans, dirige le Cameroun depuis plus de quatre décennies. Son long règne, marqué par la centralisation du pouvoir et des crises internes, continue de diviser la société. L’exclusion d’un candidat majeur de l’opposition en août dernier a d’ailleurs ravivé les tensions.
À cela s’ajoute la crise dans les régions anglophones, où le conflit séparatiste se poursuit depuis plusieurs années, aggravant les incertitudes autour du processus électoral.
Selon Africa News, cette situation rappelle celle de 2018, lorsque l’opposant Maurice Kamto s’était lui aussi autoproclamé vainqueur avant les résultats officiels — un geste qui avait conduit à son arrestation et provoqué une vague de protestations dans le pays.
Aujourd’hui, les regards sont tournés vers Yaoundé, dans l’attente d’une proclamation officielle des résultats, pendant que la tension monte dans les rues de Douala.
Genèse MOUKAHA