Au Mali, la rareté des billets neufs devient une préoccupation majeure pour les citoyens comme pour les commerçants. Dans les marchés et les banques, il est de plus en plus difficile de se procurer des coupures en bon état, obligeant la population à recourir à des billets usés, parfois à la limite de l’illisible.
Selon Fousseynou Ouattara, expert en finance de marchés et membre du Conseil national de transition, cette situation est liée à un dysfonctionnement dans le mécanisme de retrait et de remplacement des billets détériorés par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Le problème toucherait plus particulièrement les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
L’économiste avance une autre explication : la présence de codifications spécifiques sur les billets utilisés dans ces pays. Pour lui, cela traduirait la volonté des trois États de se diriger vers la création d’une monnaie commune, ce qui entraînerait à terme la démonétisation progressive des coupures actuelles.
En attendant, les commerçants s’adaptent. « Les vieux billets de 500 et 1 000 F CFA compliquent la tâche, mais avec la conjoncture, nous sommes obligés de les accepter », confie Issa Diakité, vendeur à Bamako.
Selon le journal le 360 Afrique, face à cette pénurie, un marché parallèle s’est développé, permettant à certains d’obtenir des billets neufs, notamment pour les mariages, baptêmes et autres cérémonies où la présentation de coupures en bon état reste valorisée. Ces pratiques échappent toutefois aux circuits bancaires officiels et renforcent l’économie informelle.
Cette situation alimente les débats sur l’avenir monétaire du Mali et de ses alliés sahéliens, entre dépendance à la BCEAO et projet d’émancipation monétaire régionale.
Genèse MOUKAHA

