Le président sénégalais a dénoncé mercredi les décès de trois jeunes survenus dans des circonstances impliquant les forces de l’ordre à Cambérène et Rosso, appelant à des enquêtes impartiales et des sanctions « avec fermeté ».
Bassirou Diomaye Faye a fermement réagi mercredi, à son retour d’Espagne, aux bavures policières présumées ayant entraîné la mort de trois jeunes hommes à Cambérène et Rosso. Il a exigé que « les responsabilités soient situées quel qu’en soit le niveau » et que les fautes soient sanctionnées « avec toute la vigueur et la froideur qui siéent ».
« Je voudrais rappeler que, sur le plan des principes, les forces de l’ordre sont censées rassurer les populations et les protéger. Les interventions ne doivent pas causer la mort », a déclaré le chef de l’Etat, de retour d’un séjour à Séville, en Espagne, où il a pris part à la quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement (FfD4).
« Le fait que des citoyens, lors d’interpellations de la police, perdent la vie ne pourrait jamais être considéré comme une banalité », a-t-il souligné
A Cambérène, quartier populaire de la banlieue dakaroise, deux jeunes se seraient noyés après avoir plongé dans la mer pour échapper à une patrouille de police. Selon un communiqué de la police, les corps sans vie retrouvés seraient ceux des individus poursuivis par les forces de l’ordre après qu’un agent a déclaré avoir été agressé.
A la suite de ce double drame, des affrontements ont éclaté lundi entre les jeunes du quartier et les forces de sécurité, les manifestants accusant la police d’être responsable de la mort des deux jeunes. Une vive indignation a été suscitée par des images montrant l’utilisation d’un manifestant arrêté comme bouclier humain.
Le président Faye s’est dit choqué par ces scènes. « Des images que j’ai pu moi-même voir, il apparaît des scènes qui sont insoutenables et qui sont inacceptables dans le cadre d’interventions policières », a-t-il affirmé.
Le Chef de l’État sénégalais a dénoncé des pratiques contraires aux règles d’engagement des forces de sécurité : « On ne saurait se servir des citoyens (…) comme un bouclier. Cela ne ressort pas des règles d’engagement des forces de défense et de sécurité sur le terrain ».
Avant lui, le ministre de l’Intérieur, Jean-Baptiste Tine, s’est rendu dans la semaine à Cambérène pour apaiser les tensions. Il a rencontré les jeunes du quartier et, selon des témoignages recueillis sur place, « a tenu un discours réconfortant ».
A Rosso, dans le nord du pays, une autre affaire a indigné les populations après le décès de Talla Keita, 18 ans, survenu lundi à l’hôpital de Richard-Toll. Le jeune homme aurait succombé à ses blessures onze jours après avoir été violemment battu par deux agents du commissariat spécial de Rosso, selon les accusations locales.
La police a indiqué que les deux agents concernés « ont été suspendus et relevés de leurs fonctions, en attendant les résultats définitifs de l’enquête ».
Face à ces événements, le président Faye a instruit le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Police « à mener avec diligence les enquêtes, à situer les responsabilités et à soumettre un rapport circonstancié ». Selon le dirigeant de 45 ans élu en mars 2024, ces cas doivent servir d’exemple « pour que plus jamais la mort dans les commissariats ou à l’occasion d’interventions qui peuvent être maîtrisées ne puisse être acceptée comme relevant de la normalité ».