Abidjan, 29 juin 2025 – À quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre, le climat politique en Côte d’Ivoire se tend autour de la question de la participation de certaines figures emblématiques de l’opposition. L’ancien président Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro ont été officiellement écartés de la liste électorale provisoire, tout comme Charles Blé Goudé et Tidjane Thiam. Une situation qui alimente la polémique et cristallise les tensions.
Selon la Commission électorale indépendante (CEI), les radiations sont justifiées par des condamnations judiciaires ayant privé ces personnalités de leurs droits civiques. Gbagbo, bien qu’ayant bénéficié d’une grâce présidentielle partielle, reste marqué par une condamnation de 20 ans pour l’affaire dite du “braquage de la BCEAO” durant la crise postélectorale de 2010-2011. De son côté, Guillaume Soro a été condamné à perpétuité en 2021 pour tentative de déstabilisation de l’État. Quant à Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse, il fait lui aussi l’objet d’une décision de justice défavorable. Tidjane Thiam, lui, est écarté en raison d’un contentieux lié à sa nationalité ivoirienne.
Face à cette exclusion, les partis concernés n’ont pas tardé à réagir. Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par Gbagbo, dénonce un “verrouillage politique” et envisage de contester la décision en justice. Le PDCI-RDA, dont Tidjane Thiam est l’une des figures montantes, parle d’une tentative d’écarter la concurrence dans une élection qui s’annonce cruciale pour l’avenir du pays. Même son de cloche du côté de Guillaume Soro, toujours en exil, et de Charles Blé Goudé, qui évoquent une volonté manifeste du pouvoir en place de neutraliser l’opposition.
En réponse, le gouvernement ivoirien affirme que la CEI a agi dans le strict respect de la loi, estimant que nul ne peut figurer sur la liste électorale s’il est privé de ses droits civiques par décision de justice. Toutefois, cette posture institutionnelle peine à calmer les esprits dans une opinion publique de plus en plus polarisée.
Pour calmer les tensions, le président Alassane Ouattara, encore silencieux sur ses intentions pour le scrutin à venir, est attendu au tournant. Une candidature pour un quatrième mandat pourrait exacerber les critiques de l’opposition qui réclame déjà des garanties pour un processus électoral transparent et inclusif.
La période préélectorale s’annonce donc sous haute tension. L’exclusion de ces grandes figures politiques pourrait bien rebattre les cartes du jeu électoral, mais elle soulève également de sérieuses interrogations sur la démocratie ivoirienne et l’équité du scrutin de 2025.
Genèse MOUKAHA