Johannesburg, 29 juin 2025 — Le fragile équilibre politique sud-africain vient de subir un nouveau choc. L’Alliance Démocratique (DA), principal parti d’opposition et partenaire de la coalition gouvernementale, a annoncé son retrait immédiat du dialogue national lancé par le président Cyril Ramaphosa. Une décision lourde de conséquences dans un climat déjà marqué par les tensions internes au sein du gouvernement d’union nationale.
Ce dialogue, entamé il y a plusieurs mois, avait pour ambition de rassembler les forces politiques, les syndicats et la société civile autour de grandes réformes visant à redresser le pays, confronté à un taux de chômage endémique, une criminalité galopante et une corruption persistante. Mais pour la DA, cette initiative n’est plus qu’un écran de fumée. Le chef du parti, John Steenhuisen, n’a pas mâché ses mots en dénonçant un processus « dénué de sincérité » et gangrené par la présence de personnalités politiques « impliquées dans des scandales de corruption ».
La rupture survient dans un contexte de désaccords profonds entre les deux principales formations au pouvoir. La DA, qui avait accepté d’entrer dans le gouvernement d’union après les législatives de 2024 – marquées par la perte de majorité absolue de l’ANC – accuse désormais le président Ramaphosa de mener le pays sans concertation véritable avec ses partenaires. La tension a atteint un point critique après la révocation du vice-ministre du Commerce, Andrew Whitfield, membre de la DA, suite à un déplacement non autorisé aux États-Unis. Une décision perçue comme unilatérale et humiliante.
Si l’Alliance Démocratique reste, pour l’instant, au sein du gouvernement, sa défiance vis-à-vis du président et du fonctionnement actuel du pouvoir inquiète. Le retrait du dialogue national pourrait fragiliser encore davantage la coalition et compromettre les chances de réussite des réformes attendues par la population. Malgré cela, aucune motion de censure n’a encore été évoquée par le parti.
Cyril Ramaphosa, de son côté, s’efforce de maintenir l’unité gouvernementale et a nommé un remplaçant pour Whitfield, affirmant respecter les normes et procédures ministérielles. Mais cette nouvelle fissure politique laisse présager des mois agités à Pretoria. Alors que le pays peine à se remettre des secousses économiques et sociales post-pandémie, l’espoir d’un consensus national semble, une fois de plus, repoussé à plus tard.
Genèse MOUKAHA

