Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a instruit l’ambassadeur du Sénégal en France, Maguette Sèye, de tout faire pour arrêter la vente aux enchères de la bibliothèque de Léopold Sédar Senghor et entrer en contact avec le commissaire priseur afin de récupérer les ouvrages appartenant au poète-président, a t-on appris de source diplomatique.
”Nous avons eu écho de la vente aux enchères de la bibliothèque du président Léopold Sédar Senghor. Les autorités sénégalaises ont été informées et le président de la République, a aussitôt donné des instructions, pour tout faire pour que cette vente puisse être arrêté et entrer en contact avec le commissaire priseur et la venderesse pour pouvoir acquérir pour le compte du Sénégal, tous ces ouvrages”, a déclaré l’ambassadeur du Sénégal à Paris, Maguette Sèye, sur la RTS (télévision publique).
La bibliothèque de Léopold Sédar Senghor devait faire l’objet d’une vente aux enchères, ce mardi 16 avril à l’hôtel de Caen, en France.
Selon M. Sèye, ces ouvrages au nombre d’une centaine ont une ”importance cruciale”.
Il dit savoir aussi qui mettait en vente cette bibliothèque sans entrer dans les détails.
L’écrivain et poète Amadou Lamine Sall avait appelé le président de la République Bassirou Diomaye Faye, le 5 avril dernier, pour demander le rapatriement des ouvrages. “Sauvez et ramenez au Sénégal la bibliothèque de Senghor mise en vente aux enchères”, a-t-il imploré.
Seize universitaires membres du groupe de recherche international Léopold Sédar Senghor ont cosigné un texte dans lequel ils plaident pour la sauvegarde de la bibliothèque du premier président de la République sénégalaise, programmée pour une vente aux enchères le 16 avril prochain en France.
“A travers les traces qu’il a laissées et qu’il nous a léguées, c’est toute une partie de l’histoire et du patrimoine sénégalais qui apparaît et qui risque à nouveau de disparaître”, avait averti l’universitaire Mouhamadou Moustapha Sow, selon APS.
La menace est d’autant plus importante qu’il s’agit, avait-il dit, ”d’ouvrages importants à l’image de l’exemplaire du prodigieux discours sur le colonialisme de l’ami Aimé Césaire”. Celui-ci était dédié à “ce vieux Léopold Sédar Senghor”, écrivait l’écrivain martiniquais, disant être sûr que “malgré les apparences politiques, il [Senghor] déteste le colonialisme, destructeur de culture, de finesse (sic) et de civilisation”.
Il y a aussi des ouvrages du poète Aragon, également adressés à Ginette Eboué, la première épouse de Senghor, ou encore l’exemplaire d’un ouvrage déterminant dans la construction de sa pensée, “Ainsi parla l’oncle” de l’Haïtien Jean-Price Mars, qui rend “un fervent hommage d’admiration au grand poète noir”.
Dans cette bibliothèque figurent aussi des livres d’écrivains sénégalais, voire africains, tels que Ousmane Sembène, Ousmane Socé Diop, Birago Diop, Fily Dabo Sissoko ou encore Joseph Zobel, Paul Niger, Léon-Gontran Damas et Richard Wright, de même que des ouvrages de son ami René Maran, le premier Goncourt noir avec ‘’Batouala’’.