Professeur Amadou Gallo Diop, agrégé de neurologie revient à la charge pour alerter encore sur les méfaits des produits alimentaires que certaines multinationales déversent dans les marchés des pays en développement, en particulier en Afrique. À la suite du rapport produit par l’ONG suisse Public Eye, mettant en cause les produits pour bébé de Nestlé Suisse, le professeur revient à la charge pour mettre en exergue les conséquences désastreuses de ces produits sur la santé publique.
Parmi ces produits nocifs qui inondent nos marchés, il est cité : les types de lait (Nido et autres), les biscuits, les céréales, les boissons sucrées et autres malbouffes. Ces produits, selon le neurologue, dont les alertes sont confirmées par l’enquête de Public Eye, « n’ont pas les mêmes teneurs en Suisse, en Europe et en Amérique du Nord que quand ils sont exportés vers l’Amérique du Sud, les pays arabes et l’Afrique ».
Nestlé ajoute du sucre dans le lait infantile vendu dans les pays les plus pauvres. C’est ce que révèle l’ONG suisse Public Eye dans une enquête.
Une pratique loin d’être nouvelle pour la multinationale qui ne respecte pas les recommandations de l’OMS, notamment en Afrique : pic.twitter.com/QSkfZMPfGk
— AJ+ français (@ajplusfrancais) April 18, 2024
La pratique ne date pas d’aujourd’hui. Et Nestlé n’est pas seul responsable. Depuis 20 ans, souligne le chercheur, ‘’sachets d’alcool, de jus hypersucrés (joliment présentés) et sticks de café à 100 F le sachet’’ sont mis sur le marché et parfois commercialisés jusqu’‘’aux alentours des collèges et lycées’’, s’alarme le Pr. Gallo Diop.
Dans son viseur, il n’y a pas que les multinationales, il y a aussi leurs ‘’filleuls’’, les locaux qui reproduisent les mêmes pratiques mercantiles et néfastes. ‘’Le drame, regrette le neurologue, c’est aussi nos grosses industries ‘nationales’ locales qui travaillent souvent sous licence. Pour reproduire des ‘poisons’ légaux avec des teneurs en sucre, sel, gras, ‘conservateurs’, glutamate (neuro-excitateur central) et autres substances jamais notifiées sur les étiquettes de pâtes, jumbo et tous les cubes et bouillons, chocolats, margarines, ketchup, etc.’’.
Le bilan dressé par l’ancien chef du Service neurologie de l’hôpital Fann est simplement inquiétant et mérite toutes les attentions de la part des plus hautes autorités. ‘’La moitié des AVC à Fann n’ont pas 50 ans. Ils sont ‘gérés’ sur 31 lits et quatre de neuroRéa, pour 18 millions d’habitants en 2024 versus 59 lits et six de NeuroRéa en 1960 pour 3 millions d’habitants’’, rappelle le neurologue.
Comme à son habitude, il rappelle ses conseils pour un corps plus sain, surtout chez les enfants qui sont les plus vulnérables : ‘’Eduquez le goût et les habitudes alimentaires de vos enfants durant la 1re décennie de vie, sinon ils vont vers ce qui a explosé chez des personnes de plus en plus jeunes : HTA (hypertension artérielle), diabète, obésité, insuffisances rénales et terribles difficultés de dialyse, cardiopathie, AVC (1/3 de décès ; pour les survivants : séquelles massives, durables ou irrécupérables), cancers en tous genres (mortalités précoces et chimio hasardeuses et difficiles)’’.
Il avertit sur les risques de plus en plus élevés d’obésité, de cancers, d’hypertensions artérielles, de diabètes… à cause de la malbouffe
Dans un article publié le vendredi 19 avril 2024, ‘’Le monde’’, qui traite du rapport de Public Eye a titré : ‘’Nestlé dans la tourmente, entre malbouffe et scandales sanitaires’’. Le média français de poursuivre : ‘’Le n°1 mondial de l’alimentation a fait face à la fronde de plusieurs actionnaires critiques et représentants d’ONG lors de son assemblée générale. Il est accusé en particulier de continuer à produire et distribuer en masse des aliments trop gras, trop salés, trop sucrés.’’
Le risque des sucres ajoutés pour les bébés
Nestlé contrôle 20 % du marché mondial des préparations pour bébés, et son directeur de la nutrition, Thierry Philardeau, a déclaré en 2020 que 15 millions de bébés dépendaient de ses produits. C’est presque l’équivalent de la population des Pays-Bas.
Les céréales de blé Cerelac et le lait en poudre Nido sont les marques numéro un dans le monde ; leurs ventes dépassaient les 2 milliards d’euros en 2022, selon la société d’analyse économique Euromonitor.
Les auteurs ont constaté qu’une portion de Cerelac pour bébés de six mois vendue en Thaïlande contenait 6 g de sucre (l’équivalent d’un cube et demi de sucre). En Allemagne et au Royaume-Uni, les mêmes céréales instantanées ne contenaient aucun sucre ajouté.