Convivialité, calme, authenticité, Ndiassa Ciss, un quartier de Diass (Boukhou) dans le département de Mbour (Ouest), région de Thiès, est l’un des localités du pays où il fait bon vivre, ou vieux et jeunes tentent de tout faire pour garder leur patrimoine et l’histoire du vivre-ensemble dans le respect des différences. Ndiassa Ciss offre une tranquillité, loin des villes trépidantes…
Reportage de Dame Diop
Niché dans le village de Boukhou dans la commune de Diass, localité sortie de l’anonymat par l’aéroport international de Diass, Ndiassa Ciss est un quartier, un véritable havre de tranquillité, riche de son terroir et de ses traditions qui confèrent au village une atmosphère paisible et propice à la préservation des coutumes.
L’âme de cette bourgade respire la convivialité. L’entraide et la cohésion sociale cimentent les liens séculaires que des jeunes générations ont la lourde responsabilité de perpétuer et de les transmettre à leurs fils. A Ndiassa Ciss, localité fondée par leurs aïeuls, des aînés tentent vaille que vaille de transmettre ce legs précieux aux jeunes générations, générations des réseaux sociaux qui accentuent l’enfermement. C’est une bourgade paisible, loin des agitations des villes même avec l’accroissement important de l’urbanisation.
C’est un dimanche ensoleillé où l’astre darde ses rayons sur Ndiassa Ciss, même animaux domestiques s’affalent sous les arbres pour fuir ce soleil de plomb. Les hommes sous l’ombre du grand et clément margousier pour faire l’inventaire du legs des anciens et confortent les liens de parenté et du bon voisinage.
La religion, un digue contre la perte des valeurs et la déperdition…
Ici, la prière à la mosquée et le déjeuner sont obligatoires et un grand moyen pour inculquer des valeurs aux hommes comme: la discrétion (soutoura) l’amour du prochain, et le partage.
Ndiassa Ciss est un des quartiers à Boukhou où vous aurez comme l’impression, de toucher le bout du monde et de renouer avec le vrai sens de l’existence, le vivre ensemble. Un lieu qui garde jalousement le legs ancestral. C’est auprès de cette mosquée bâtie, vers les années 1950 et achevée, il y a quelques années, surplombée par un margousier(neem) et ceinturée de part et d’autre de bâtisses que beaucoup de jeunes ont été façonnés dans ce petit quartier, d’environ 300 habitants.
« C’est un legs que nous avons trouvé ici. Nos parents sont aussi passés par la. C’est l’un des secrets du quartier, le vivre-ensemble. Nous bannissons la discrimination, a fait savoir Saliou Ndiaye. Vous voyez des enfants poursuit-il, des jeunes et des vieux parmi nous, c’est parce que la différence d’âge compte pas dans ce quartier très organisé », nous explique Saliou Ndiaye, jeune tailleur venu passé le weekend au village.
Ndiassé Ciss porte en effet, le nom de Ndiome Ciss, fondateur du quartier: » d’après l’histoire qu’on nous a racontée, Ndiassa est composé de deux quartiers. Ndiome Ciss et Matt Faye tous originaire de Packy, un des villages de la commune de Diass sont les premiers à habiter ici. C’est ce qui fait, explique notre interlocuteur, la fraction en deux du quartier Ndiassa. Il y a Ndiassa Ciss Et Ndiassa Matt. Et ce dernier est devenu récemment Ndiassa Pouye. », précise Idy Diouf.
Pour la cohésion sociale, l’amour du prochain ou encore le partage, la discrétion et le respect de la prière, Ndiassa Ciss peuplé dans son entièreté de musulmans, applique les enseignements islamiques. Ici, on ne badine pas avec les piliers de l’Islam notamment la prière, et elle s’effectue comme l’indique les préceptes de la religion « les hommes doivent effectuer les 5 prières quotidiennes à la mosquée ».
« Chez nous dés le bas âge on nous impose à fréquenter la mosquée dés qu’on a l’âge de prier. Je fréquente cette mosquée depuis tout petit. C’est l’une des méthodes de nos parents de nous y habituer. Tout le monde effectue normalement la prière chez nous. Je ne connais pas parmi les gens qui vivent ici qui ne prient pas en toute sincérité », déclare Saliou Ndiaye.
L’appel du muezzin à la prière Dohr de la mi-journée instaure un silence et chacun s’affaire à trouver un récipient pour faire les ablutions. Le quartier observe un silence cimetière. A ces moments, seul le gazouillis des oiseaux perturbe ce silence religieux qui règne dans les lieux, sous l’éternelle caresse du vent. Devant la porte de la mosquée, des sandales dispersés dans un joli désordre ornent l’entrée de la mosquée.
Apres la prière dans une moquée remplie de fidèles jusque dehors. Après la prière c’est maintenant le moment de déguster le déjeuner, des plats viennent de toutes les concessions, un legs soigneusement gardé et perpétué par les jeunes. Une manière de cultiver le partage et la discrétion dans les cœurs.
« Chez nous les fêtes de Tabaski et Korité, tout le monde déjeune dans cette cour. Les dimanches s’y ajoutent pour couvrir les familles démunies. Il n y a pas de discrimination, ni de manque de respect. Les plats sont tous ouverts à la fois. On peut manger à la fois dans beaucoup de bols. Le repas destiné à tout le monde. », soutient Ndiaye.
C’est dans cette forme d’éducation que le quartier Ndiassa Ciss a pu forger les âmes de tous les natifs de Ndiassa Ciss. Tel un rituel, le repas est à partager sans discrimination aucune, et la prière s’effectue à la mosquée pour tout homme vivant dans le quartier.
A Boukhou, au quartier Ndiassa Ciss, les pères fondateurs Ndiom Ciss et Matt Faye, qui dorment du sommeil du juste, peuvent dormir du sommeil du juste car leurs descendants perpétuent le legs du vivre-ensemble. Un patrimoine et une histoire à enseigner en ces temps troubles marqués par le communautarisme et l’individualisme…