Les consommateurs devront prendre leur mal en patience en attendant, ils vont devoir débourser plus pour acheter le kilogramme d’oignon, s’ils arrivent à le voir dans le marché…Le gouvernement annonce un retour à la normale dans deux semaines pour juguler l’inflation et approvisionner le marché.
Chez les détaillants le prix s’envole entre 1300 et 1500 francs CFA. Et le sac de 25 kilos est de vendu à 25 mille francs pour l’oignon importé et 22 mille francs CFA pour l’oignon local. Une hausse exorbitante et mal accueillie par les ménages qui déboursent plus pour se le procurer. Entre cherté du prix et rareté du produit sur le marché les services compétentes du ministère du Commerce tentent de donner des assurances en annonçant l’arrivée de quelques tonnes importées pour juguler la tension notée sur le marché.
Un stock total de 10 000 tonnes d’oignons importés est attendu dans le port de Dakar d’ici le 14 août prochain. C’est ce qu’a révélé l’Agence nationale de régulation des marchés (ARM) dans un communiqué rapporté le 6 août dernier par l’Agence de presse sénégalaise (APS).
L’initiative fait partie d’une série de mesures adoptées par le ministère du Commerce pour approvisionner le marché local en proie à une pénurie du bulbe, une situation qui fait grimper les prix pour les consommateurs. D’après les médias locaux, le sac de 25 kg d’oignons se négocie actuellement à plus de 23 000 francs CFA (38,4 $) contre 19 000 francs (31,7 $) il y a quelque mois.
En vue de renforcer ses achats de la denrée, l’exécutif cible le Maroc qui était en 2022 son troisième fournisseur africain après la Mauritanie et l’Égypte. « Une délégation du ministère en charge du Commerce et d’importateurs se rendra au Maroc, en début de semaine, pour définir avec les autorités de ce pays les modalités de mise en œuvre de l’ouverture d’un couloir permettant d’approvisionner le Sénégal en oignon d’origine marocaine », peut-on lire dans le communiqué.
Si le royaume chérifien a décidé en février 2023 de suspendre les expéditions d’oignons vers les pays d’Afrique de l’ouest, le Sénégal a été exempté de cette interdiction en juillet dernier suite à une demande formulée par son gouvernement auprès de Rabat.
En dehors de l’Afrique, le pays de la Teranga s’approvisionne aussi en oignon depuis les Pays-Bas qui représentent d’ailleurs son premier fournisseur. « Toutes les mesures nécessaires sont prises par le ministère du Commerce, en relation avec les pays fournisseurs, pour faciliter l’approvisionnement du marché sénégalais pour les six mois à venir, afin de rétablir les prix à leur niveau normal et de garantir le pouvoir d’achat des consommateurs », ajoute l’ARM dans son communiqué.
Durant ces derniers jours, le marché de l’oignon marqué par une tension pourrait retrouver une situation normale d’ici une à deux semaines, a indiqué, mardi 8 août, le Directeur général de l’Agence de régulation des marchés (ARM), Ansoumane Sané.
« Je voudrais rassurer les Sénégalais, en leur disant que d’ici une à deux semaines, nous allons retrouver une situation normale », a-t-il promis au cours d’un entretien avec l’APS.
Le directeur de l’ARM a aussi annoncé « l’arrivée très prochaine de 2.400 tonnes devant permettre un approvisionnement du marché, même si ce ne sera pas suffisant en raison de la forte demande ».
Il a également fait part de l’arrivée de quelque 5000 autres tonnes qui seront suivies d’une autre cargaison de 6000 tonnes.
Ansoumane Sané fait, par ailleurs savoir, qu’une mission diplomatique sénégalaise est en train d’être menée avec le Maroc, pour l’ouverture d’un »couloir de 25 à 30 mille tonnes ».
« Avec l’arrivée prochaine de la campagne de commercialisation de l’oignon local, nous pensons que nous n’aurons pas à vivre une situation pareille », a-t-il relevé.
Le régulateur a toutefois invité les producteurs et les commerçants à « savoir raison garder », notant que »ce n’est pas parce que le produit est rare que forcément les gens doivent appliquer des prix hors de portée des Sénégalais ».
Les raisons explicatives d’une hausse
Ansoumane Sané a précisé que « trois facteurs » sont à l’origine de la situation de la tension notée sur les prix de l’oignon.
« Elle est liée dans un premier temps au comportement des commerçants qui mènent des pratiques spéculatives lors de la fin de la campagne de commercialisation qui coïncide avec l’ouverture de l’importation. On est passé entre lundi et samedi, de 1 000 à 1 500 francs CFA pour le kilogramme », a-t-il fait savoir.
Le deuxième facteur est lié, selon lui, au maintien par le Maroc, depuis deux mois, « des mesures de restrictions » liées à l’exportation de l’oignon. Ledit Directeur ajoute que « le troisième facteur est consécutif à l’attente des récoltes de la production de la Hollande en fin juillet début août ».
« Le temps du chargement de la Hollande au Sénégal, c’est près de dix jours. Ce qui correspond à ces deux semaines de tension que nous vivons », a-t-il poursuivi.
Si les conditions étaient réunies, fait-il savoir, « l’oignon importé et l’oignon local devraient cohabiter afin d’éviter une rupture et surtout un renchérissement des coûts comme nous sommes en train de le noter ».
Au Sénégal, l’oignon est le principal produit horticole d’importation totalisant des achats de plus de 25,4 milliards de francs CFA (42,4 millions $) en 2021, selon les données de la BECEAO.