De Thierno Baye Diéne correspondant de Teranganews à Matam
Accusé depuis plus de 13 mois de s’être octroyé une augmentation unilatérale de ses indemnités passées de 600.000 francs à 1 million, le directeur de l’hôpital régional de Ourossogui se lave à grande eau et précise qu’il renoncerait à cette hausse si elle n’est pas « normale » comparée à ses autres collègues directeurs avant de marteler qu’il interdirait toute manifestation du Sutsas dans l’enceinte de la structure hospitalière.
Les travailleurs de l’hôpital de Ourossogui affiliés au syndicat du Sutsas devront trouver un autre endroit pour tenir leur sit in ou autres activités syndicales. Pour cause le directeur de l’établissement de santé, Dr Ousmane Gueye à décidé de siffler la fin de la récréation. « Le tintamarre, les applaudissements et l’obstruction du passage des malades ne vont pas avec l’exercice correct de notre travail et l’exigence de quiétude des malades qui souffrent. Un hôpital dans ce Sénégal est appelé affectueusement Hôpital silence pour vous dire que l’hôpital a besoin de quiétude l’hôpital ne saurait être un lieu de rassemblement ni de meeting et par conséquent je ne tolérerai plus cette situation qui illégale et immorale », martèle-t-il avant de justifier le bien-fondé de sa décision .
Selon le directeur de l’hôpital : « les grévistes utilisent des moyens de luttes illicites comme des sit in à l’intérieur de l’hôpital. Sur ce chapitre, je renvoies les fauteurs à l’alinéa 2 de l’article L276 du code de travail qui interdit formellement en cas de grève d’occuper les locaux et les abords immédiat de la structure sous peine d’encourir les sanctions prévues aux articles L275 et L279 du même code. Je l’ai toléré jusqu’ici avec le personnel appartenant à l’hôpital et une deuxième fois avec des agents invités en soutien appartenant à d’autres structures de santé qui n’ont rien à voir avec l’EPS de Ourossogui », fait-il constater.
« Je suis prêt à renoncer à mes augmentations »
En effet, une frange des travailleurs de l’hôpital s’est insurgée contre ce qu’elle considère comme une hausse « unilatérale » des indemnités du directeur de connivence avec le conseil d’administration. Selon Mamadou Laminé Sano secrétaire général régional du Sutsas et agent dans ledit hôpital. Les émoluments directeur sont passés de 600.000 à 1 million, une hausse qui serait refusée aux autres travailleurs de l’hôpital. Mais si l’on en croit aux explications du directeur, cette augmentation serait faite selon les règles de l’art « la revalorisation de 400.000 francs de mes indemnités contrairement à ce qui est soutenu par mes pourfendeurs procède d’une décision du conseil d’administration. Sous ce rapport, cette augmentation n’est nullement une décision unilatérale de ma personne mais plutôt celle de l’organe délibérant de l’établissement public. Ainsi, la dépense y afférente ne souffre d’aucune irrégularité », explique le chirurgien de formation.
Et comme pour justifier sa bonne foi, il déclare à haute et intelligible voix qu’il serait prêt à renoncer à ses augmentations si celles-ci le placeraient au dessus des autres directeurs d’EPS de même standing. « Ce montant fait il de moi une personne privilégiée comparativement à mes homologues de niveau d’EPS équivalent. En d’autres termes, est ce que ce que je perçois est supérieur à ce que perçoivent mes autres collègues ? Je soutiens que Non. Dans le cas contraire, je suis prêt à renoncer au surplus ou à renoncer à l’intégralité de mon augmentation. C’est vous dire que je suis loin d’être un privilégié », a-t-il soutenu.
« Pour les fausses factures, je n’ai pas d’explication à leur servir. Qu’ils portent plainte. »
Au-delà de la hausse « unilatérale » reprochée au directeur, les camarades de Sano crient sur tous les toits que l’administrateur de l’hôpital à fait usage des fausses factures pour capter les fonds Covid liés à la restauration des malades. Un montant qui s’élèverait à 600.000 francs. Des accusations que le principal concerné n’a pas souhaité commenter : « je n’ai pas d’explications à leur servir. Aussi grand que puissant, un syndicat ne peut se substituer au pouvoir judiciaire. Nous sommes dans un état de droit, s’ils sont convaincus de leurs accusations, je leur demanderai de saisir les juridictions compétentes et de porter plainte », martèle-t-il.
Le bras de fer qui dure depuis plus de 12 mois ne faiblit pas. Malgré la kyrielle de médiations entreprises par des bonnes volontés, les deux camps ne parviennent toujours pas à trouver un terrain d’entente. Le meneur de la fronde, Mamadou Laminé Sano se montre convaincu d’être dans le droit en exigeant une généralisation des augmentations. Les deux hommes ont même eu à échanger publiquement des propos aigres doux la suite d’une réunion houleuse. Et quelques jours plus tard, le directeur décidera de le relever de ses fonctions de chef de service des soins infirmiers. « étant technicien en biologie, il me semble être plus utile au laboratoire qui est son service d’origine », balance-t-il comme justification.
L’hôpital à réalisé ses meilleures recettes en mars, malgré les grèves, aucun médecin n’a fait la grève
Face au statuquo constaté par le Sutsas, les syndicalistes ont décidé de corser les moyens de lutte. Durant le mois passé, le directeur a dû constater un regain de plans d’actions déroulés par les syndicalistes. Des manifestations de mouvement d’humeur qui n’auraient pas eu d’impact sur le bon déroulement des activités de l’hôpital : « l’hôpital malgré tout fonctionne correctement et tous les jours et arrive à satisfaire les malades, assure Dr Ousmane Gueye. Pour illustrer cela je vous révèle que les recettes générées par l’activité du mois de mars, qui semble être le mois plus perturbé, n’ont jamais été atteintes depuis ma prise de service et certainement depuis l’ouverture de cet hôpital, c’est vous dire que l’hôpital marche », a-t-il relevé.
Si les nombreux plans d’action déroulés par le Sutsas( sit in et rétention d’informations sanitaires) n’ont eu aucun impact sur les activités de l’hôpital c’est parce que, soutient le directeur, les médecins et les techniciens supérieurs en anesthésie et radio n’y ont jamais pris part.
Au sujet des indemnités mensuelles à hauteur de 500.000 francs versées au président du conseil d’administration de l’hôpital, Amadou Djibril Diallo. Le directeur invite les journalistes à directement poser la question au principal concerné qui par ailleurs président du conseil départemental de Matam.