De Thierno Baye Diene correspondant de Teranganews à Matam
Dans les recrutements de 5000 enseignants, le vaste département de Ranérou ferloo ne compte qu’un seul jeune diplômé engagé. Une situation scandaleuse pour les jeunes dudit département qui se sont organisés en collectif pour combattre cette « injustice ».
La frustration et le désappointement étaient clairement le sentiment le plus partagé auprès des jeunes du département de Ranérou, suite à la publication de la liste des 5000 enseignants recrutés par l’État du Sénégal. Une liste dans laquelle le département qui fait 3 fois la région de Diourbel ne compte qu’un recruté. Un affront pour le très fier peuple du ferloo.
A la salle de délibération de la mairie de Ranérou où les jeunes majoritairement des étudiants s’étaient donné rendez-vous pour se pencher sur les recrutements du ministère de l’éducation nationale. « nous dénonçons et déplorons le recrutement des 5000 enseignants, martèle Souleymane Galo Bâ un des initiateurs de la rencontre. Sur une centaine de jeunes inscrits sur la plateforme, le département de Ranérou n’a eu en tout et pour tout seulement 1 jeune recruté. Cela montre nettement que Ranérou est laissé en rade dans les politiques publiques comme toujours. Nous dénonçons vigoureusement les pratiques du ministre de l’éducation nationale, M. Mamadou Tall. Nous avons constaté que parmi les recrutés de la région de Matam, la majeure partie est issue de la commune de Sinthiou Bamambé, de Kanel et de Thilogne ». Fait-il remarquer avant de soutenir que sa localité n’est pas en carence de compétences : « ici à Ranérou nous avons des étudiants diplômés et des jeunes qualifiés et expérimentés puisqu’ils étaient dans les classes passerelles. Malgré tout cela au finish on s’est retrouvé avec un seul recruté. La vérité est que les autres bacheliers qu’ils ont retenu ne sont pas meilleurs que ceux de notre département ». A-t-il ajouté.
Recrutement dicté par des responsables politiques
Les jeunes bacheliers et notamment les bacheliers avaient nourri de gros espoirs sur ces recrutements. Finalement cette déconvenue est une pilule qu’ils ont du mal à avaler. Aliou Sow est un étudiant en licence 3 au département de lettres modernes, il était quasiment sûr qu’il ferait partie des recrutés jusqu’au jour de la désillusion. « je suis dépité et même dégoûté par ces résultats (NDLR liste des 5000 enseignants recrutés). J’ai déjà validé la licence 2 et j’avais réussi au baccalauréat avec la mention Assez bien. Donc c’est avec beaucoup de déception que j’ai vu la liste. Ils n’ont pas pris ceux qui avaient le meilleur profil. J’ai très mal car je connais des étudiants qui ont été sélectionnés alors qu’ils n’ont même pas encore validé leur première année. On se connait entre étudiants ressortissants de la région de Matam, alors on connait les profils de chacun. C’est simple pour être pris, il fallait juste être un « boy » d’un leader influent. C’est dommage pour moi mais surtout pour la qualité de l’école. » révèle ce jeune de 26 ans issu d’une famille polygame.
Aissata est tout aussi frustrée de ne pas être retenue dans la liste finale, pourtant, elle a déjà accumulé deux années d’expériences dans le domaine. Elle tenait une classe passerelle dans u’ hameau du département de Kanel. « c’est une désillusion très grande pour moi. J’y croyais très fort car une personne de l’inspection de l’éducation et de la formation m’avait dit que nous qui étions dans les classes passerelles, étions prioritaires dans ces recrutements puisque nous avons déjà l’expérience des classes. Je ne crois pas aux explications qui disent que nous n’avons pas le niveau pour enseigner. Ce n’est pas vrai. Je ne connais pas le niveau de tous mes autres collègues mais moi je suis bachelière. J’ai déjà mon bac depuis 2017. Je ne suis pas allée à l’Université pour des raisons personnelles mais j’ai bien été orientée au département de droit. Maintenant qu’est ce je vais faire ? Je vais me résigner mais je peux dire que si j’étais originaire d’une autre localité, mon recrutement serait acté depuis ». Déclare la jeune femme déjà mère de 3 enfants.