« Je me présente : je suis le colonel Assimi Goita, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) », a-t-il déclaré à la presse un après-midi du mercredi 19 aout 2020. C’est par ces mots que le monde entier ou du moins ceux qui s’intéressent au sort du Mali venaient de découvrir le visage de l’homme qui a évincé du pouvoir Ibrahim Boubacar Keita. Il est désigné vice-président de la Transition le 21 septembre 2020 et prête serment le 25 septembre 2020.
Fils d’un officier de l’armée de terre malienne, Assimi Goita, colonel dans l’armée malienne et ancien chef des forces spéciales du Mali rassure et promet une transition rapide afin de remettre le pouvoir au civil. C’est lui le véritable instigateur du coup d’Etat qui a fait tomber le président Keïta après sept années de pouvoir. Il est de la même promotion que plusieurs autres membres de la junte, dont le colonel Malick Diaw, selon son entourage.
Ces premiers mots pour rassurer ses concitoyens ils ont pris leurs responsabilités pour sauver le pays de la menace terroriste qui scindé presque ce vaste territoire de 1,24 million km²qui fait quatre fois la taille de la France avec un peu prés de 20 millions d’habitants : « Le Mali se trouve dans une situation de crise socio-politique, sécuritaire. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Nous, en faisant cette intervention hier, nous avons mis le pays au-dessus, le Mali d’abord », a-t-il dit, entouré de militaires armés.
???#Mali : le Colonel Assimi Goïta s’exprime. C’est la première sortie médiatique du président du Comité national pour le Salut du peuple. #Kati #CNSP #Bamako pic.twitter.com/oeYsJ3dp92
— LSI AFRICA (@lsiafrica) August 19, 2020
Le patron des Forces spéciales maliennes
L’officier d’une quarantaine d’années est issu du Prytanée militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako, qui forme les meilleurs éléments de l’armée et est également diplômé de l’Ecole inter-armes de Koulikoro, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Il était jusqu’ici le patron des Forces spéciales maliennes basées dans le centre du pays, une région en proie depuis 2015 à des violences djihadistes et intercommunautaires, ont indiqué des membres de son entourage, qui le disent « très rigoureux ».
De 2011 à 2013, Goïta dirige la 2e Compagnie de soutien puis le 37e régiment de transport. Au terme de plusieurs missions à Gao, Kidal, Menaka, Tessalit ou encore Tombouctou, il décide de servir dans les Forces spéciales avec en bandoulière le brevet de l’Enseignement militaire supérieur N°1.
En 2015, il s’envole pour le Gabon où il se perfectionne à l’École d’État-major. De retour au Mali, il est nommé Officier d’État-major au Centre opérationnel interarmes de l’État-major général des Armées puis Chef de division opération de l’État-major de l’Armée de terre.
Plus tard, il participe au Cours d’opérations spéciales de lutte contre le terrorisme à Garmich (Allemagne) et à celui de Floride (États-Unis). Aguerri au combat, le colonel Goïta est promu, en novembre 2015, Coordinateur des opérations spéciales du ministère de la Défense suite à l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu de Bamako.
Entre 2016 et 2017, il commande l’unité opérationnelle du Bataillon autonome des Forces spéciales déployées à Sofara. Et depuis juillet 2018, il assure le commandement du Bataillon autonome des forces spéciales et des Centres d’aguerrissement. Cette unité d’élite collabore souvent avec les forces américaines, notamment dans le cadre des exercices Flintlock.
Marié et père de trois enfants, Assimi Goïta a maintes fois été décoré : croix de la valeur militaire, médaille de mérite militaire, médaille commémorative de campagne, médaille de la Défense française avec échelon Or et médaille des Nations Unies au Darfour.
Son dernier haut fait d’arme date de mardi 24 mai 2021, quand il a relevé de ses fonctions le président de transition et son Premier ministre peu après l’annonce d’un second gouvernement conduit par Moctar Ouane se caractérisant par la mise à l’écart de deux membres de l’ex-CNSP (les colonels Koné et Camara), Bah N’Daw, le Premier ministre et le ministre de la Défense sont interpelés puis conduits sous escorte militaire à Kati.
À en croire ceux qui l’ont côtoyé au cours de sa jeune carrière, « c’est un homme posé et réfléchi », le décrit un haut gradé de l’armée malienne, qui le connaît bien pour avoir travaillé avec lui dans ses précédentes missions.
Le lendemain, le colonel Assimi Goïta annonce avoir « démis de leurs prérogative » le président et le Premier ministre, qu’il accuse de « sabotage » de la transition, leur reprochant d’avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter avec lui, alors que la charte de la transition lui confère un droit de regard sur le choix du ministre de la Défense et celui de la Sécurité, anciennement occupés par ses alliés Camara et Koné.
Le 26 mai, Bah N’Daw et Moctar Ouane annoncent leur démission au médiateur de la Cédéao Goodluck Jonathan. Par la suite, Assimi Goïta devient président de la transition de la République du Mali.