De Youssouf DIMMA correspondant Teranganews Ziguinchor
26 septembre 2020-26 septembre 2020, voila dix-huit que le bateau Le Joola chaviré au large des côtes de la Gambie emportant avec lui prés de 2000 âmes. Dix-huit après ce tragique drame, les familles des victimes et les rescapés se souviennent. C’es le cas d’Amadou Hampathé Sadio, un pupille de la nation qui a perdu sa mère et a accepté de revenir avec nous sur cette période douloureuse de son enfance… Témoignage…
»J’avais 9 ans, j’étais en classe de CI. Je n’avais rien compris de ce que c’était un naufrage, on m’avait juste informé de la mort accidentelle de ma mère dans l’eau » se souvient-il.
Amadou Hampathé Sadio, avait neuf ans le 26 septembre 2002, lorsque sa mère perdait la vie dans le chavirement du bateau Le Joola. Dix-huit ans après, ce jeune homme qui porte fièrement ses 27 ans en 2020, est toujours traumatisé par cette perte brutale et brusque de sa maman dans ce qui est désormais classé comme la plus grande catastrophe de la marine marchande au monde.
Pour ce » Pupille de la Nation », la perte brutale de sa mère a donné un coup de frein à ses études lui brillant élève déjà en classe d’initiation (CI) : » Je vous assure que j’étais le meilleur de notre classe, mes camarades venaient loin derrière moi, mais quand j’ai réalisé que ma maman était définitivement partie et, qui sait dans quelles conditions, j’ai été psychologiquement abattu et ce pendant 18 ans. »
Et de poursuivre : » Pis pendant toutes ces 18 ans, mon choc psychologique est tel qu’il ne se lève pas un seul jour où je ne pense pas à ma maman ».
Cet homonyme du grand écrivain et penseur malien Amadou Hampathé Ba rêvait de marcher sur les traces de son illustre parrain mais la mort de sa mère alors qu’il était encore qu’un frêle enfant continue de la hanter »un tas de questions se bousculent très souvent dans ma tête et cela s’accentue à mesure que l’anniversaire approche : dans quelles conditions elle décédée ? Quelles ont été des derniers mots ? Avait-elle eu l’intention de confier un message à quelqu’un ? En avait-elle eu d’ailleurs le temps, un jour, avant ce fameux voyage sans retour ? Etc. ». Des questions sans réponse.
Mais ce « Pupille de la nation », n’en démords pas. Et pour faire son deuil et se départir de ses démons, il sollicite de l’Etat deux choses au Président de la République : que l’épave du Joola soit sortie de la où elle se trouve depuis 18 ans d’une part, d’autre part que l’ensemble des orphelins du Joola soit comptabilisés parmi les pupilles de la Nation à titre rétroactif ».
Sur sa première préoccupation, ce jeune homme qui a eu la chance d’être élevé par sa grand-mère après le naufrage du Joola, dit avoir » fortement, psychologiquement, mentalement, moralement voire physiquement besoin de ce renflouement du Joola pour mon avenir et afin que je puisse supporter cet avenir et enfin faire le deuil de ma maman ».
Sur le second point, Amadou Hampathé Saido dit que » cela me fait mal de voir que des Sénégalais avec lesquels nous partageons le même sort ni plus ni moins, soit traités différemment que nous simplement soit disant par les termes d’un décret. Je trouve vraiment injuste cette » erreur historique ».