De Youssouf DIMMA, TerangaNews à Ziguinchor
A quelques mois des élections locales dont la tenue à date échue après un premier report est toujours incertaine même si on annonce 2021 si les conditions sont réunies. En attendant le leader du parti «Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) », Ousmane Sonko tâte le pouls des ziguinchorois sa base politique en rendant visite aux sinistrés des inondations. Dans le secret, Ousmane Sonko se prépare-t-il pour la mairie de Ziguinchor? Tout laisserai a le croire en tout si on voit tous les actes posés dans ce sens dans la capitale du Sud.
Le leader des patriotes a le vent en poupe dans le Sud du pays, et il entend bien l’utiliser en bon escient. L’ancien candidat malheureux à la présidentielle de février 2019 mais sorti victorieux dans la commune sait qu’il a une jolie carte à jouer pour la mairie de Ziguinchor. L’opposant farouche à Macky Sall a presque déroulé un programme de campagne électorale avant la lettre. Face à lui, comme jamais il ne pourrait s’y attendre, un camp numériquement très puissant, mais structurellement trop faible parce que éparpiller et diviser.
Les premières déclarations dés son arrivée à Ziguinchor
Officiellement, le leader du parti politique «Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF)» séjourne depuis la fin de la semaine dernière dans le sud du pays pour raison de vacances. Ousmane Sonko a, dès son arrivée à Ziguinchor, fait part aux populations, avant de le réitérer lors d’une conférence de presse organisée sur place, de son intention de « retourner aux sources, visiter les parents et autres connaissances, de présenter des condoléances, mais surtout pas de faire de la politique même s’il est difficile de dissocier l’homme politique de l’homme tout court ».
La stratégie de la séduction ?
Le leader du PASTEF avait d’emblée donné le ton et les populations de la région sud du pays, en particulier celles de sa capitale, l’attendaient aux actes. Mais très vite M. Sonko a entamé une visite de terrain dans les quartiers inondés par les eaux pluviales des jours ayant précédé son arrivée à Ziguinchor.
Côté communication, tout semblait millimétré rappelant les visites de campagnes électorales. Sur le terrain en effet, l’on voit un « Sonko » modestement vêtu d’un Tee-Shirt vers olive, d’un pantalon « jean » jaune-blé et, image saisissante, chaussé de «Tik Tik» blanches, ces chaussures de fortune que la plupart des Sénégalais trouve sur le marché à seulement deux mille (2000) FCFA. C’est ainsi une manière de se rapprocher davantage de la population démunie, celle-là qui habite dans des quartiers aussi démunis qu’inondés dès le premier mois de pluies diluviennes.
Dans ces déplacements, Ousmane Sonko s’offre des bains de foule tout au long de sa visite, entrant jusque dans certaines chambres inondées pour constater de visu l’ampleur des dégâts causés par les eaux Une façon de partager avec elles toutes la désolation causée par les inondations. Arpentant des ponts de caniveaux surplombant çà et là des tas d’immondices qui remplissent par endroit lesdits conduits d’eau, marchant parfois sur des sacs de sable servant de passage aux sinistrés pour rejoindre leurs domiciles, l’ex inspecteur des Impôts et domaines déroule et va à la rencontre des populations impactées de Ziguinchor.
Sur le terrain Sonko fait ce que devrait faire un maire aller à la rencontre des populations s’enquérir de leurs doléances et constater le désarroi des victimes des inondations qui souffrent le martyr de devoir cohabiter avec les eaux sources de maladies en cette période de crise sanitaire. Et, ce désarroi, Ousmane Sonko s’en est effectivement rendu compte sur le terrain. Dans sa délégation, l’on avait l’impression de suivre un candidat qui réconfortait et apaisait des sinistrés qui apparemment ne savaient plus à quel saint se vouer.
Terminée cette visite aux sinistrés des eaux pluviales, le leader du PASTEF a fait face aux journalistes, confirmant cette impression de pré-campagne dans laquelle il s’est sans doute engagé, entraînant à coup sûr dans les jours à venir, l’ensemble de la classe politique communale de Ziguinchor.
La même stratégie d’adresse aux populations, adoptée lors de la précampagne en vue de l’élection présidentielle de 2019, qui lui a souri dans la commune de Ziguinchor, a été reconduite. A savoir organiser une conférence de presse quasi-surprise, retransmise d’abord en direct et en intégralité par certaines radios locales et sur les réseaux sociaux, largement traitée ensuite le lendemain par la presse nationale.
La confirmation de la précampagne ?
En effet, pendant le face-à-face avec la presse locale, Ousmane Sonko n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour évoquer « le défaut d’assainissement de la ville de Ziguinchor et même le manque de vérité » quant aux déclarations faites par des élus disant que la mairie aurait mobilisé « deux cent millions de FCFA pour le curage des canaux à Ziguinchor, je me demande si ce que c’est vu ce sont même des canaux ». Ousmane Sonko a nommément pointé du doigt la responsabilité de la mairie dans le défaut d’assainissement de sa ville d’enfance où beaucoup de jeunes attendent de le voir poser sa candidature, déclarant : « j’ai entendu un maire dire que l’assainissement est de la responsabilité de l’Etat plutôt que de la mairie, c’est faux ! C’est une responsabilité partagée ! C’est ce que le code des collectivités territoriales a prévu. Ce que nous avons vu aujourd’hui avec des canaux à ciel ouvert remplis de poubelles, des regards qui sont tombés, ce n’est pas la responsabilité de l’Etat, c’est la responsabilité de la mairie ».
Les dés semblent alors jetés pour la conquête de la ville qui, depuis l’indépendance, en 1960, à nos jours, n’a comptabilisé que cinq (05) maires, pas plus ; car très difficile à remporter tellement les populations sont naturellement méfiantes. Elles n’aiment pas les mauvaises surprises et détestent le saut dans l’inconnu.
En face, une « majorité » éparse ?
En jetant donc les bases d’une précampagne en vue des locales à Ziguinchor au moment où la tenue même desdites échéances à date échue fait débat dans le pays, avec une probabilité de report, Ousmane Sonko sait ce qu’il fait. Il sait que face au PASTEF et ses alliés, c’est une majorité présidentielle qui est éparse. Une majorité qui ne l’est réellement que pour l’élection présidentielle. Une majorité qui montre sa division au grand jour dès la moindre programmation des échéances locales, au moins si l’on s’en tient à son fonctionnement existentielle et, surtout, à ce que les populations de Ziguinchor ont vécu lors des dernières locales.
Ousmane Sonko sait que si elles sont convoquées à date échue ou non, la majorité présidentielle ira sans doute aux urnes avec plusieurs leaders comme ce fut le cas lors des dernières locales. Elle risque d’ailleurs d’en avoir davantage puisque le maire Abdoulaye Baldé qui n’était pas du même camp que les représentants du président Macky Sall, l’est désormais. D’où l’expression «grande majorité présidentielle» utilisée par certains pour désigner le camp du président Macky Sall.
Si cet éclatement se confirmait, il est probable que l’on soit en présence de petits camps politiques chapeautés par des candidats comme Abdoulaye Baldé, Benoît Sambou, Doudou Ka, Ibrahima Mendy, le pharmacien Moussa Diédhiou qui a pris ses distances avec le RSD/TDS de Robert Sagna, Aly Haidar, mais aussi une candidature incarnée par un proche de Robert Sagna, etc.
Il ne serait pas surprenant aussi qu’émerge de ce conglomérat d’autres têtes de files. En effet, selon nos sources, le camp dirigé par le ministre d’Etat Benoît Sambou a toutes les chances d’être scindé en deux avec le très probable départ d’un « poids lourd », le pharmacien Georges Mansaly.
A en croire nos sources, Georges Mansaly, l’un des adjoints au maire Abdoulaye Baldé, qui avait quitté celui-ci avec plusieurs ex-responsables de l’Union Centriste du Sénégal (UCS) pour rejoindre l’Alliance Pour la République (APR) dirigée localement par Benoît Sambou, endure, depuis maintenant plusieurs mois, tout un chapelet de frustrations au sein de cette formation politique. Conséquences ! Il serait soumis à une très forte pression. Une pression si insolite qu’elle est mise par ses propres lieutenants lui demandant de « claquer la porte de l’APR » pour créer son mouvement politique en vue de faire cavalier seul lors des prochaines locales. Ils auraient même déjà trouvé une dénomination à leur nouveau mouvement politique…
En attendant, le leader du Pastef Ousmane Sonko est en terrain connu et compte bien aller à l’assaut de la mairie.