De Adama SENE, Saint-Louis
Officialisée en 1977 par les Nations-unies, la journée internationale de la femme invite tous les pays de la planète à célébrer le 08 Mars pour les droits des femmes. A Saint-Louis, les associations de femmes militantes organisent des activités pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine et sensibiliser leurs sœurs sur leurs droits. Mais malheureusement certaines femmes ignorent encore l’existence de cette journée qui leur est dédiée et continuent toujours de souffrir.
Portrait de l’une d’elles.
De taille moyenne, teint clair, Ndeye Niang est vendeuse de poisson de profession. Métier qu’elle exerce depuis plus de 08 ans entre Pikine, son quartier natal et les différents sites de débarquement de la capitale du Nord. Très connue dans ce quartier populaire du faubourg de Sor, Ndeye Niang ne passe plus inaperçue dans les coins et recoins de Tableau Walo et environs. Sa voix sifflotante est devenue familière aux plus petits enfants de cette localité, avec son fameux appel de « kouy dieunde dieune » (qui achète du poisson). Sans risque de se tromper, on peut dire que la lourdeur de la bassine qu’elle porte quotidiennement est entrain de déformer cette mère de famille de 39 ans.
Tellement son métier n’est pas de tout repos. Chaque jour que Dieu fait, elle se lève à 05 heures du matin pour aller chercher du poisson à vendre au quai de pêche de Diamalaye ou dans les autres sites de stationnement des frigos surtout quand le produit halieutique est rare à Saint-Louis. Mère de cinq bouts de bout de bois de Dieu, dont le plus âgé est en classe de 3e secondaire dans un collège de la place, la mère de famille se voit ainsi obligée de préparer le petit déjeuner et tous les ingrédients pour l’école des enfants avant 04 heures 30. Malgré les heures « impossibles » auxquelles elle se lève pour trouver de quoi subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, Ndeye Niang revient à la maison, à la mi-journée pour préparer le repas familial après avoir fait le tour du sous quartier de Tableau Walo avec sa lourde bassine de poisson sur la tête. D’ailleurs le repos, elle n’en prend que rarement. Seulement si elle est gravement malade, avance-t-elle. Et la journée internationale de la femme, elle déclare l’ignorer. « Je ne me sens pas concernée par cette fête de la femme. Ensuite, quand je ne vends pas, ma famille ne mange pas, donc cette journée est réservée aux femmes de bureau, qui bon an ou mal an, ont quelque chose dans leurs pochettes. Depuis des années c’est moi qui gère la famille parce que mon mari a perdu son travail depuis des années. Il fait de petits boulots mais peine vraiment à joindre les deux bouts » a-t-elle lancé. A l’en croire, si réellement la journée est à toutes les femmes sans exception, elle doit être revue et corrigée pour en faire bénéficier tout le monde. « Nous qui n’avons pas de moyens pour accéder aux financements, méritons du soutien de la part des autorités. Malheureusement on préfère les donner aux grandes dames, qui souvent ne pensent qu’à leurs amies ou à leurs familles. Mais on gardera toujours notre dignité pour nourrir nos enfants et nous occuper de leurs études malgré nos maigres moyens » a conclu Ndeye Niang.