Assis, tête baissée sur les genoux, un jeune garçon d’une dizaine d’années se remet à peine des événements qu’il vient de vivre. Il fait partie des élèves qui ont été attrapés par la police puis tapés. Grâce à l’aide de ses amis, il a pu être secouru.
Les causes
Nous nous trouvions au niveau du parc de l’ancienne place de l’Obélisque. Le parc a été aménagé, il y a peu. Et fait l’objet de beaucoup de visites à toute période de la journée. Une poignée de minutes après notre arrivée, on est pris de court par des cris d’enfants qui accouraient vers le lycée John Fitzgerald Kennedy. La meute d’enfants entre dans ce temple du savoir, les secondes d’après, leurs cris se mêlaient à ceux des élèves dudit lycée.
Une fois sur les lieux, on constate qu’il s’agit des élèves du Collège Mansour Sy Malick de Médina. Alima faye de la classe de 3ème explique les raisons de leur irruption « les professeurs de notre CEM ont bloqué certaines notes de nos compositions à cause de leur grève. Pour nous, il n’est pas question que les autres apprennent, pendant que nous, nous sommes là, à ne rien faire ».
Avant de terminer l’entretient, que des tirs de lacrymogènes retentissent, les policiers sont là, ils utilisent ces lacrymogènes sur les élèves pour les disperser. Dans l’amalgame occasionné par les effets des tirs, passants, élèves et même les journalistes, chacun défie Usain Bolt à sa minière.
Les maisons des alentours servent de refuges aux uns et aux autres. Plus de différence entre les élèves de Kennedy et ceux du CEM Mansour SY. L’heure est à la solidarité contre les lacrymogènes…
Des minutes après, un jeune garçon est en pleurs. Vêtu d’un short blanc et d’un maillot bleu, il marche tout en se tenant la cuisse gauche. Il a la poussière au visage et sur le reste du corps. Ne pouvant pas parler, son camarade nous confie. « Il a été attrapé par les policiers puis battus ». Toujours sous le choc, le garçon qui est visiblement traumatisé prend place sur un banc. Le temps pour lui, de ingurgiter quelques gorgées d’eau.
« Nous sommes des enfants »
Une vingtaine de minutes passées, nous revenons au lycée Kennedy. Sur les lieux, le portail du lycée est à même le sol. Un groupe de jeunes filles est posté juste à l’entrée du l’établissement. « Ce n’est pas normal, d’utiliser des lacrymogènes sur nous, nous sommes des enfants. En plus, il y a des élèves asthmatiques ici », lance Awa Sall, élève en classe de première au lycée John Fitzgerald Kennedy.
De plus, elle admet que le lycée, où elle est pensionnaire avait lancé les hostilités de la grève bien avant les autres établissements. Elle va plus loin en légitimant la réaction de ses camarades des autres écoles. « C’est bien d’une part qu’ils viennent perturber les cours car, on est resté longtemps sans rien faire, et ils nous apportent des compositions pourquoi faire ? »
« Nous avons fait appel à la police »
Pour Madame Fatima Sow Sarr, la proviseure du lycée John Fitzgerald Kennedy, les irruptions dans l’établissement dont elle a la charge date de la semaine dernière. « Jeudi premier février, alors que les élèves traitaient l’épreuve de philosophie, ces dernières ont été interrompues par les élèves des lycées environnants, pareil pour le vendredi. Ce matin, ces élèves ont forcé le portail, et ils sont entrés dans deux salles de classes. Nous avons fait appel à la police du 4ème arrondissement ».
La responsable du lycée Kennedy qui ne comprend d’ailleurs pas les motivations de ces élèves. Car selon elle, « ces élèves devraient être dans les salles de classe ».
La proviseure n’a pas souhaité dresser la liste des dégâts enregistrés ce lundi 5 février, en attendant le constat général des autorités compétentes.
Toutefois, des questions subsistent : faudrait-il utiliser les lacrymogènes sur les enfants ? Il n’y a donc pas d’autres moyens de les disperser ou de les réprimander ?




