Un rapport interne publié par Oxfam ce lundi 19 février 2018 dépeint une mission humanitaire en Haïti entachée de nombreuses dérives.
Un responsable y reconnaît avoir payé des prostituées, d’autres employés sont accusés de harcèlement et d’intimidation tandis qu’un témoin a été menacé physiquement.
Quatre ont été licenciés pour « faute grave » tandis que trois ont démissionné, dont Roland Van Hauwermeiren à qui il a été proposé un « départ digne, à condition qu’il coopère pleinement avec le reste de l’enquête ».
Trois des suspects ont également « menacé physiquement et intimidé » un des quarante témoins entendus.
Van Hauwermeiren s’était défendu la semaine dernière en affirmant qu’il n’avait pas organisé d’orgies avec de jeunes prostituées et qu’il n’était « jamais entré dans un bordel » en Haïti. Dans une lettre publiée par des médias belges, il avait seulement reconnu avoir eu des rapports sexuels avec une « femme honorable et mature », et maintenu qu’il ne lui avait pas versé d’argent.
Or, selon le rapport interne de 2011 qu’Oxfam a rendu public ce lundi dans une version partiellement censurée, le responsable belge avait admis avoir eu des rapports avec des prostituées à son domicile haïtien, qui était financé par Oxfam. Ce, lors du séisme de 2012 qui a entraîné 200 000 morts.
Oxfam dit avoir choisi de rendre public ce rapport pour « être aussi transparente que possible quant aux décisions prises durant l’enquête ». Elle affirme avoir communiqué aux autorités compétentes les noms des personnes soupçonnées
Un plan d’action pour empêcher de nouveaux abus
Oxfam a dévoilé vendredi un plan d’action pour empêcher de nouveaux abus sexuels et tenter ainsi d’apaiser la polémique d’ampleur mondiale.
« Ce qui s’est passé en Haïti est une tâche sur Oxfam, qui nous fera honte pendant des années », a déclaré Winnie Byanyima, la directrice exécutive d’Oxfam International.
Le directeur général de l’organisation, Mark Goldring, s’est toutefois étonné, dans les colonnes du Guardian, de l’ampleur prise par ce scandale, à la réalité des faits susceptibles d’être reprochés à Oxfam.
« Qu’avons-nous fait ? Est-ce que nous avons tué des bébés dans leur lit ? L’ampleur et l’intensité des attaques semblent hors de proportion par rapport au niveau de culpabilité. J’ai du mal à comprendre », a confié M. Goldring.
Dans cette affaire, l’ONG s’est également vu reprocher d’avoir laissé les salariés incriminés rejoindre d’autres ONG, sans mise en garde. Après Oxfam, Roland van Hauwermeiren avait ainsi rejoint l’ONG française Action contre la faim au Bangladesh. Cette dernière a déploré de ne pas avoir été prévenue.

