Suite à un énième accident de la route qui a fait plus d’une dizaine de morts, le gouvernement a de nouveau déclaré qu’elle compte expérimenter le fameux permis à points qu’il a tant vanté. Abdoulaye Daouda Diallo a déclaré qu’à partir du mois de juin, il n’y aura plus de transports interurbains au-delà de 22 heures. Une décision qui est loin de satisfaire les chauffeurs que nous avons rencontrés.
Au marché Colobane, les affaires vont bon train. Les clients et autres passants se faufilent entre les voitures pour se frayer un chemin. Les trottoirs étant déjà pris d’assaut par les marchands « ambulants ». Les klaxons de voiture se mêlent dans ce concert de désordre aux cris de marchands qui vantent la qualité et la beauté de leurs produits à des clients.
Au niveau du rond-point, un groupe de sexagénaire est assis en train de bavarder. L’un d’entre eux est debout adossé à l’un des taxis garés le long du trottoir que ses camarades et lui occupent. L’homme cherche à accrocher du regard de potentiels clients. Il s’appelle Malick Mbengue, il est taximan et cherche des clients. Pour lui, le permis à point est une bonne chose qui permettra aux chauffeurs d’être beaucoup plus prudents. « Surtout les jeunes chauffeurs, ils sont les plus imprudents sur la route. Cependant, les chauffeurs d’âges mûrs comme moi roulent de façon pondérée et connaissent bien le code de la route », explique le sexagénaire.
« Le permis à point n’est pas la meilleure solution puisque nos routes ne sont pas de bonnes qualités », intervient Ngary Mbaye assis sur le banc qui fait face à Malick Mbengue. « Ils ont copié le permis à points des occidentaux mais ceux-là ont des routes praticables. Ici nos routes sont étroites et mal éclairées surtout en milieu rural. Les surcharges n’ont rien à voir avec les accidents. », affirme Ngary Mbaye. « Nous ne savons même pas ce qu’est un permis à points ni ce que cela implique » martèle un autre taximan accoudé sur sa voiture.
Abdoulaye Daouda Diallo a annoncé que le permis à points sera expérimenté dès le mois de juin prochain. Cette annonce intervient dans le contexte de l’accident survenu sur la route de Porokhane. Le permis à points a pour but d’inciter les conducteurs à être plus responsables sur la route. Un capital initial de points est attribué au conducteur et des points lui sont retirés en fonction des infractions qu’il commet. Lorsque la totalité des points lui sont retirés, son permis de conduite devient invalide.
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres a également annoncé l’arrêt des transports interurbains à partir de 22h.
Cette mesure va déclencher une course contre la montre
Nous quittons Colobane pour nous rendre à la Gare routière des baux-maraîchers. Un lieu beaucoup plus clame et où les voitures sont garés selon un ordre bien déterminé. Un décor qui contraste avec le capharnaüm qui prévaut à Colobane où passants, voitures et marchands se disputent la chaussée.
Un homme est assis dans une des voitures communément appelées « 7 places » en train d’écouter la radio. Pour lui, arrêter de voyager à partir de 22 heures est loin d’être la meilleure solution pour limiter le nombre d’accidents sur la route. « Cette décision va accentuer les problèmes puisque les chauffeurs vont se livrer à une course contre la montre », déclare Hamady Mbodji. Selon lui, cette décision du ministre n’arrangera pas ceux qui voyagent sur de longues distances. « Moi je roule la plus part du temps la nuit parce que je fais Dakar-Rosso, donc cette mesure ne m’arrange absolument pas », fulmine-t-il.
Saër Sarr abonde dans le même sens que Hamady Mbodji, responsable au niveau du baux-maraicher. Pour lui cette décision ne va faire qu’augmenter le nombre de morts sur la route. « Si cette décision venait à être appliquée nous nous concerterons pour voir les mesures à prendre » prévient Saër Sarr.
La décision d’arrêter les transports interurbains à partir de 22 heures n’a pour le moment pas trouvé écho favorable du côté des chauffeurs.

