Il aura fallu attendre trois ans pour que s’ouvre-le très attendu procès des responsables présumés du coup d’Etat de 2015.
Un an à peine après la chute du régime de Blaise Compaoré, des militaires de la garde présidentielle avaient tenté de prendre le pouvoir et de renverser le gouvernement de transition. Comme l’année précédente, la pression des rues a fait basculer la situation. Les manifestants et l’armée burkinabée avaient fait échouer le putsch. 84 accusés comparaissent à partir de ce mardi 27 février.
C’est un procès qualifié d’« historique » par de nombreux burkinabés qui s’ouvre après deux ans de procédure. Le principal accusé, c’est bien sûr l’homme qui avait pris la tête du coup d’Etat en 2015, le général Diendéré. L’ancien patron de la garde rapprochée du Président déchu, Blaise Compaoré, est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de violences.
A quel point le général Diendéré est-il responsable de ce putsch ? En 2015, c’est lui qui prend la tête du coup d’Etat. Mais aux journalistes à l’époque, et au juge qui instruit l’affaire depuis, il soutient toujours la même version : ce sont des sous-officiers qui étaient à la manœuvre, il n’était au courant de rien. C’est pour éviter un bain de sang qu’il aurait pris la tête du mouvement, justifie-t-il.
Mais cette version n’a pas convaincu le juge Yameogo. Pour lui, l’ancien patron de la garde rapprochée du Président déchu Blaise Compaoré est le principal responsable.
Guillaume Soro ne sera pas attendu comme témoin. La justice burkinabée a annulé, l’année dernière, le mandat d’arrêt lancé contre lui.
Parmi les autres absents, figurent également l’ex-Président, Michel Kafando et l’ex-Premier ministre, Isaac Zida. Le premier a été nommé envoyé spécial de l’ONU au Burundi et le second vit aujourd’hui au Canada.
Accusé, le Général Diendéré demande de nouvelles inculpations
Enfin, le général Diendéré a demandé de nouvelles inculpations, notamment celle de l’ancien chef d’état-major de l’armée qui, pour l’instant, figure seulement sur la liste des témoins. Son recours sera étudié, à la fin du mois de mars.
Pour maître Mathieu Somé, le principal avocat de la défense, il n’est pas le seul qui manque sur le banc des accusés. « Il en manque. Le général avait demandé l’inculpation de certaines personnes. Des militaires, des civils aussi. Il y a le cas de l’évêque Paul Ouedraogo, celui de l’ancien secrétaire général au ministère de la Défense… Bon, il y a un certain nombre, six ou sept, dont l’inculpation a été demandée. »
La vérité plus qu’une condamnation, résume l’un des avocats des victimes. Elles sont plus de 300 à s’être constituées partie civile, comme l’explique maître Guy-Hervé Kam. « On va du simple manifestant qui était dans les rues, aux activistes comme Smockey, et aussi certains membres du gouvernement de la transition qui ont été pris en otage. Vous voyez, il y a toutes les catégories de victimes. Et nous, nous avions dit depuis longtemps que ce qui préoccupait les victimes, ce n’était pas seulement une décision de condamnation, mais aussi la vérité dans le cadre d’un procès équitable. »
Pour tenter de faire la lumière sur les événements de septembre 2015, sur ce coup d’Etat manqué, les juges vont entendre 45 témoins en plus des 84 accusés.

