Sortant de son silence, Emmanuel Besnier a défendu sa gestion de la crise, critiquée ces derniers jours par le gouvernement et les consommateurs.
Le PDG de Lactalis Emmanuel Besnier a promis d’indemniser « toutes les familles qui ont subi un préjudice » en raison d’une contamination à la salmonelle de produits du géant français du lait.
Le discret président, silencieux depuis le début de l’affaire des lots de poudre de lait pour bébé contaminés par des salmonelles, s’est enfin exprimé. Dans une interview publiée le 14 janvier, il se défend de tout manquement et promet d’indemniser « toutes les familles ayant subi un préjudice » sachant que des poursuites ont été intentées par des parents dont les enfants sont tombés malades après avoir consommé le lait contaminé.
« C’est notre responsabilité. Je l’assume »
Emmanuel Besnier affirme avoir eu avant tout à l’esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs, « des bébés de moins de six mois », a-t-il rappelé : « C’est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude ».

« Notre métier, c’est de mettre des produits sains sur le marché. Si cela n’a pas été le cas, c’est notre responsabilité. Je l’assume », déclare-t-il, tout en précisant ne pas avoir eu « d’informations sur de possibles contaminations avant le 1er décembre ».
Le président de Lactalis ajoute également qu’« à aucun moment, il n’y a eu une intention de cacher les choses », même s’il reconnaît « qu’il manquait cinq lots dans le premier fichier » transmis aux autorités, mais « cela a été corrigé dès le lendemain ».
83 pays concernés
Il assure également faire « le maximum » pour régler la situation et comprendre ce qui s’est passé afin de pouvoir « tirer les leçons de cette crise », qui a entraîné la contamination de 37 nourrissons en France, dont 18 avaient été hospitalisés après avoir consommé un lait ou un produit d’alimentation infantile Lactalis infecté, selon un nouveau bilan au 11 janvier. L’institut Pasteur estime qu’il pourrait y avoir potentiellement des victimes entre 2005 et 2017.
A l’issue d’une rencontre vendredi avec Bruno Le Maire, qui avait fustigé une « entreprise défaillante », le groupe Lactalis a annoncé la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans l’usine incriminée de Craon (ouest), élargissant encore les rappels successifs lancés depuis début décembre.
Ce rappel concerne plus de 12 millions de boîtes dans 83 pays et Emmanuel Besnier n’a précisé ni le montant des indemnisations envisagées, ni le coût total de l’opération.
Dans le cadre de contrôles réguliers, mais en l’absence « d’éléments montrant que les produits étaient touchés », le groupe déclare avoir suivi les procédures, avec un renforcement des nettoyages et des contrôles. « Mais nous allons tirer les leçons de cette crise et rebâtir un plan de contrôle sanitaire encore plus strict, en concertation avec les autorités », précise Emmanuel Besnier.
Lactalis est un géant mondial avec 246 sites de production dans 47 pays et 75.000 collaborateurs.
Son chiffre d’affaires annuel est de 17,3 milliards d’euros, réalisé à 58% en Europe, 21% en Amérique, 14% en Océanie, et 7% en Afrique.
Au Sénégal, la direction du commerce intérieur a retiré 1 648 cartons et 9 848 boites de lait suspect.

