Si le nouveau calendrier des élections présidentielles en RDC est maintenu pour décembre 2018, Joseph Kabila pourrait se maintenir au pouvoir une année de plus alors que son mandat présidentiel a pris fin depuis en décembre 2016.
L’espoir et la déception, sont pour l’heure les sentiments qui définissent au mieux le peuple de la République démocratique du Congo (RDC). Le 5 novembre, les 43 millions d’électeurs enregistrés dans en RDC, pays d’Afrique centrale ont pu ressentir tout à la fois un nouvel espoir et une énième désillusion à l’écoute de la Radio-Télévision nationale. En effet, le président de la Commission nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa, a présenté un calendrier électoral que beaucoup n’attendaient plus : la présidentielle ainsi que les législatives et les provinciales auront lieu désormais le 23 décembre 2018.
Dès lors, ces élections auront lieu deux ans, après la fin du dernier mandat du Président Joseph Kabila, qui a déjà à son actif bénéficié de deux mandats. Cela signifierait aussi que ces élections interviendront un an après la date du 31 décembre 2016 arrêtée par sa majorité parlementaire et l’opposition sous l’égide des évêques congolais. Et cela portera à 17 ans le nombre d’années que Joseph Kabila aura passé à la tête du pays après sa première investiture, en 2001, suite à l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila.
La publication de cet énième calendrier intervient à la suite d’une forte pression internationale sur le régime Kabila, et même l’Union africaine, dont les discours sont pourtant plus conciliants pour le pouvoir congolais. Un an auparavant, l’organisation panafricaine avait encadré un premier accord entre le pouvoir et une partie de l’opposition, qui préconisait, déjà, des élections en 2018.
Toutefois, des défis logistiques et financiers sont à prendre en compte dans le processus de l’organisation de ces élections. Car les vingt-six provinces de la RDC demeurent peu connectées et les budgets de l’Etat, gangrenés par la corruption, sont bien maigres. Corneille Nangaa a réclamé des moyens supplémentaires, laissant entendre que le respect du calendrier était loin d’être gagné. Avec trois scrutins à organiser en un seul jour sur 17 000 circonscriptions, le moindre problème technique ou un manque de financement pourrait affecter l’ensemble du processus et décaler de nouveau le vote, ce qui aurait pour conséquence de laisser Joseph Kabila au pouvoir dans l’attente d’un successeur.
« On continue de profiter du pouvoir »
L’annonce officielle de ce calendrier devrait permettre au régime de Kinshasa de souffler un peu, le soutien financier du Fonds monétaire international (FMI) et de nombreux investissements étant conditionnés à l’organisation des élections.
Mais les contours de la nouvelle période d’attente qui s’ouvre en RDC demeurent profondément incertains, y compris pour le régime lui-même, dont de nombreux dignitaires ont été ciblés par des sanctions économiques américaines et européennes. La question du « dauphin » de Joseph Kabila, auquel la Constitution interdit de se représenter, n’est pas tranchée.
Et, en l’absence de Moïse Katumbi, en exil, et de Jean-Pierre Bemba, en prison au Pays-Bas après sa condamnation par la Cour pénale internationale, la question des candidats de l’opposition n’est pas résolue non plus, même si, après la mort d’Etienne Tshisekedi, en février, son fils Félix apparaît comme le principal opposant encore présent dans le pays.