Suite à la publication de la vidéo de migrants vendus aux enchères en Libye, une vague d’indignation et de colère s’est emparée de la toile africaine. Hommes politiques, stars du football, artistes etc. tous sont montés au créneau pour dénoncer cet infâme négoce.
Un article a particulièrement attiré notre attention, il évoque l’envoie de l’armée tchadienne en Libye pour « aller affronter les trafiquants d’esclaves et démanteler ces réseaux. » L’article en question est titrée « Esclavage en Libye : l’armée tchadienne se prépare à intervenir ». L’auteur de l’article cite d’ailleurs un certain Colonel Fader Amel qui affirme que « l’objectif est très précis ; il s’agit d’aller libérer les migrants et flanquer une correction aux esclavagistes qui les retiennent. »
L’information a été reprise par plusieurs sites d’information africains, ceux que nous avons consultés ont d’ailleurs copié l’article dans son intégralité. L’article a également été partagé dans plusieurs groupes d’obédience panafricaniste.
Cependant aucun site d’information crédible, sérieux n’a fait mention de cette information encore moins des officiels tchadiens. Nos recherches nous ont permis de découvrir que l’article a été publié d’abord par un site du nom de stateafrique.com (à ne pas confondre avec slateafrique.com). Après vérification de la rubrique « à propos », il s’est avéré qu’il s’agit d’un site de parodie c’est-à-dire un site qui invente une information et la traite avec humour. stateafrique.com l’a d’ailleurs précisé dans sa rubrique « à propos » : « jusqu’à preuve du contraire, les articles diffusés sur ce site sont le fruit de l’imagination sans limite de quelqu’un qui consacre son temps-libre à inventer de toutes pièces des informations farfelues dans un but humoristique. »
La rédaction de stateafrique.com a confirmé être à l’origine de l’article et s’est désolée que les médias africains les reprennent après une lecture superficielle. « Nous sommes régulièrement repris par des médias du continent et d’ailleurs qui ne se donnent même pas la peine de lire deux ou trois lignes des articles et qui se contentent du titre », nous a écrit, Ramata Souley Tall, Directrice de la publication de stateafrique.com.