Les associations et les organismes de lutte contre la consommation du tabac ont encore du chemin à faire pour espérer ‘’saisir’’ une bonne fois pour toute la fumée du tabac. En effet, près de deux mois après la mise en circulation des paquets de cigarettes avec des images ‘’chocs’’, l’heure est au constat sur le terrain.
Pour ce qui ressort de nos différents entretiens avec les consommateurs de tabac, la vue de ces images n’a point découragé les fumeurs aguerris.
Assis, près d’un groupe de trois jeunes hommes non loin du rond-point de la station Elton Mermoz, Abdou Dieng cigarette en main, participe à la conversation sans se soucier des impacts de la fumée sur ces voisins.
Pris à part dans l’objectif de répondre à nos interrogations sur les fameux paquets il rétorque « Ces images-là, ne me font rien du tout. C’est vrai qu’elles ne sont pas agréables à voir, mais elles n’enlèvent en rien à la saveur de la cigarette, le tabac est le même ».
Selon lui, pour décourager les fumeurs, il faut s’attaquer au produit en lui-même. « Ce qu’il faut faire c’est rendre le tabac amer. Car l’arôme qui s’y trouve attire et tant que cela sera ainsi, le tabac sera toujours consommé », a laissé entendre Abdou fumeur depuis plus de vingt- cinq ans qui n’a pas manqué d’éprouver des remords. « Si je pouvais faire les choses autrement, je ne fumerai pour rien au monde. En dehors de mon argent qui s’évapore, la fatigue me gagne au moindre effort et je suis conditionné », a confié l’homme qui durant dix-huit mois avait arrêté de consommer du tabac, mais c’est suite à la prise de poids qu’il a replongé.
Transportant des bouteilles vides à la recherche d’eau, Gislain Montero cigarette à la main a, à ce qui parait choisi sa façon à, lui de quitter cette terre. « Les images sur les cigarettes ? Moi, elles ne me font rien du tout ! On meurt toujours de quelque chose », a conclu le jeune homme avant de prendre congé de nous pour entrer dans un taxi garé, sa cigarette dans la bouche.
C’est depuis 1997, que Dao Pape Sidy a goûté à la cigarette. C’est la curiosité qui l’y a conduit. Aujourd’hui, il n’envisage même pas d’arrêter, même pas pour l’amour de ses enfants. « Les images ne m’ont pas découragé. En plus je n’achète pas les paquets, c’est une habitude chez les Sénégalais. Avant de remettre en cause la véracité des images qu’est-ce qui prouve que l’homme sur la photo est un fumeur ? Je doute de l’authenticité de cette image ».
Et lorsqu’on demande à Dao que doivent faire les responsables de la lutte anti-tabac pour décourager les fumeurs sa réponse est plutôt hasardeuse « S’ils veulent qu’on arrête de fumer, qu’ils fixent le prix d’une boîte de cigarettes à dix mille francs CFA. En tout cas, ce n’est pas moi, qui vais l’acheter à ce prix-là ».
Joint par téléphone, le docteur Abdul Aziz Kassé n’a pas souhaité s’éterniser sur la question en l’absence de résultats tirés d’une enquête sur une technique d’échantillonnage bien déterminé. Car selon le docteur, « il faut attendre un an pour que l’Agence Nationale de la statistique et de la Démographie (ANSD) fasse une enquête en utilisant la technique d’échantillonnage pour voir si le taux de prévalence a progressé, régressé ou stagné », a fait savoir le docteur.
Toutefois, Dr Kassé a évoqué d’autres mesures qui pourraient décourager les fumeurs. Parmi elles, on note entre autres « Augmenter les taxes sur les cigarettes ; vendre un paquet de cigarette à deux mille francs ». Car selon le docteur, 1 franc ajouté sur la cigarette génère un bénéfice de 6 milliards 500 millions de francs CFA par an.
Conscients des effets dévastateurs de la consommation du tabac sur la santé, les amateurs demandent aux promoteurs de lutte anti-tabac de concentrer leurs efforts sur certaines lois telles que l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Les experts pour leur part attirent l’attention des fumeurs et non-fumeurs, sur les conséquences du tabac face à la virilité des hommes. D’ailleurs 35% des impuissances sexuelles sont causés par la consommation de tabac.