En Catalogne, la date de la proclamation d’indépendance par le gouvernement catalan demeure floue trois jours après le vote du référendum d’autodétermination durant lequel le oui l’a emporté à 90%.
Le Président de la Catalogne, Carles Puigdemont, dans un entretien accordé à la BBC, ce mardi 3 octobre, a affirmé que la région autonome proclamerait son indépendance « d’ici à la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine », sans donner de date précise. « Nous allons déclarer l’indépendance quarante-huit heures après le décompte des résultats officiels », a-t-il poursuivi.
Dimanche soir déjà, après le vote qui a rassemblé près de trois millions de personnes, M. Puigdemont avait annoncé : « Le gouvernement que je préside transmettra dans les prochains jours au parlement de Catalogne les résultats de la journée pour qu’il agisse en conséquence, comme prévu par la loi organisant le référendum. » Le Président de la Catalogne doit s’exprimer ce mercredi pour évoquer ce processus d’indépendance.
Le parti de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), membre de la coalition au pouvoir, a pour sa part souhaité faire une déclaration d’indépendance dès vendredi 6 octobre, date à laquelle a été proclamé l’Etat catalan en 1934.
Le roi Felipe VI dénonce une « conduite irresponsable »
Mais entre Madrid et Barcelone, le fossé se creuse un peu plus chaque jour. Au cours d’une allocution télévisée, mardi soir, le roi d’Espagne, Felipe VI, s’en est pris aux dirigeants indépendantistes de la Catalogne.
« Aujourd’hui, la société catalane est fracturée et traversée par un conflit », a regretté le souverain, accusant les dirigeants catalans d’avoir bafoué la démocratie. « Ces autorités, d’une manière claire et catégorique, se sont situées totalement en marge du droit et de la démocratie », a-t-il déclaré deux jours après la tenue d’un référendum d’autodétermination qui avait pourtant été interdit en Catalogne, dont la finalité est, selon lui, « de proclamer illégalement l’indépendance ».
« Par leur conduite irresponsable, ils peuvent même mettre en danger la stabilité économique et sociale de la Catalogne et de toute l’Espagne », a ajouté le roi dans ce discours d’une fermeté sans précédent.
Débat au parlement européen
Felipe VI n’a pas manqué de rappeler les fondamentaux de sa souveraineté. « La couronne est fermement attachée à la Constitution et à la démocratie. Mon rôle consiste à préserver l’unité et la pérennité de l’Espagne ». Avant de poursuivre « Il est de la responsabilité des pouvoirs légitimes de l’Etat d’assurer l’ordre constitutionnel et le fonctionnement normal des institutions, le respect de l’Etat de droit et l’autonomie de la Catalogne », a déclaré Felipe VI, sur le trône depuis 2014.
Interrogé par la BBC sur l’éventualité d’une intervention de Madrid en vue de prendre le contrôle de la Catalogne, Carles Puigdemont a estimé qu’il s’agirait « d’une erreur » susceptible de « tout changer ».
Selon de l’article 155 de la Constitution, jamais encore invoqué, le gouvernement peut obliger une région à respecter ses obligations constitutionnelles si elle les viole ou si elle « porte gravement atteinte à l’intérêt général de l’Etat ».
De son côté, le parlement européen débat
Ce mercredi 04 octobre dans l’après-midi, le parlement européen s’est réuni pour débattre sur la question catalane autour du sujet : « Constitution, Etats de droit et droits fondamentaux en Espagne, à la lumière des récents événements en Catalogne».