Il semblerait que les commerciaux ne soient pas les seuls à se frotter les mains pendant ce mois. La population aussi y trouve son compte. Presque à chaque détour d’un quartier de la ville, se trouve un vendeur, la plupart, des femmes, assises devant une table ornée de mets différents, la mine accueillante. Toutefois, certaines personnes ont choisi d’en faire un commerce saisonnier.
Si le commerce est assez prisé pendant cette période, c’est indubitablement parce qu’il y’a hausse de gain. Certains en profitent pour commencer des travaux de restauration, d’autres choisissent d’intensifier leur activité à l’image des commerces de quartiers. Toutefois, certains changent même les produits exposés pour vendre les denrées les plus demandées durant le mois sacré. Ainsi, on voit pousser un peu partout dans nos quartiers, des points de vente spécialisés dans la vente de ndogou. Il s’avère même que les particuliers s’y mettent aussi, le temps d’un mois. C’est le cas de la famille de Cheikh Tidiane, un retraité de l’administration, qui chaque Ramadan ouvre son garage pour vendre tous les produits que les musulmans affectionnent. Il est 16heures, lorsque le rideau du garage du domicile de Cheikh a ouvert, laissant sortir la saveur des préparations dans sa cuisine. Après le dur labeur des préparatifs, le chef de famille affirme : « C’est ma femme qui en a eu l’idée. Elle a pensé que cela nous ferait une bonne occupation pour le mois sacré et en même temps, une bonne rentrée d’argent ».
Pendant tout le mois béni, Cheikh et sa femme reçoivent des commandes d’amis ou de proches. « Les sandwich et les jus que préparent mon épouse sont les produits vedettes. Deux heures avant le coucher du soleil, les clients affluent en masse et les étalages sont presque vides » dit-il tout sourire.
Il en est de même pour beaucoup, qui en font un tremplin. C’est le cas de Mariama cissokho, la quarantaine. Connue en tant que commerçante d’arachide, elle se fait vendeuse de ndogou pendant le Ramadan. Assise devant une table remplis de plats, où prédominent ceux à base de sauce, elle explique son statut de saisonnière : « Ma journée de travail commence vers 18h et se termine tard dans la nuit. Les bénéfices sont très satisfaisants » soutient-elle, le regard satisfait.
Au détour d’un quartier de la médina, vers la boulangerie, Abdoulaye, 16ans, d’habitude élève s’est transformé en vendeur, pour une durée d’un mois. Assez correctement habillé d’un pantalon marron, assorti d’un tee-shirt beige, Abdoulaye explique qu’il s’est senti obligé de sortir son charriot pour vendre du jus d’orange au coin de la rue. « J’achète les oranges d’un de mes amis commerçants et je ne le rembourse qu’une fois mon jus écoulé. Le prix de la bouteille d’un litre est de 1000francs, alors que certains la vende à 1500francs. Je vends aussi du café Touba, » affirme-t-il, l’air innocent. Son collègue, à l’occasion, livreur de pain de rebondir : « C’est un travail pas trop difficile, qui paie et qui n’handicap en rien nos études. »
Saliou lui, a un commerce bien connu à médina. Epicier, il a choisi de vendre des beignets dans des boîtes pour ses clients. Les prix varient selon la quantité demandée. « Ma priorité n’est pas de vendre cette nourriture. Mais, de passer par là pour attirer plus de la clientèle. » Il souligne que les gens s’arrêtent pour regarder les beignets exposés, puis en profitent pour entrer à l’intérieur de l’épicerie. Quant à l’origine de ces beignets exposés, Saliou explique qu’ils sont faits maison par sa femme et sa sœur. « Elles espèrent arrondir leur fin de mois et mieux se faire connaître par la clientèle du quartier ».
Entre attirer des clients, et doubler son chiffre d’affaires, le commerce en ce mois béni est devenu, par la force des choses, incontournable. Beaucoup en font un tremplin, où, se remplir les poches, est la priorité.