L’avènement du journaliste citoyen ( des blogueurs,des lanceurs d’alertes ) et des documentalistes qui poussent à tout vent, pour s’ériger en diffuseurs d’informations, sur la panoplie des réseaux sociaux , menace aujourd’hui la fiabilité et la crédibilité de la production médiatique. Les moyens dérisoires et la précarité aguichante dans laquelle les journalistes travaillent viennent élargir le cap des difficultés auxquelles la presse reste confrontée. Si cette situation est le compagnon quotidien des hommes des médias en général, au Sénégal en particulier, la situation est un peu alarmante.
Le danger est là, et se pose la nécessité d’y faire face par des moyens et solutions convenables, semblent comprendre les acteurs réunis ce mercredi au Centre d’études des Sciences et technique de l’information (CESTI), autour d’un panel sur « La situation de la presse au Sénégal, quelle responsabilité pour les acteurs ? ».
Sur l’initiative de l’administration du CESTI, patrons de presse, syndicats, professionnels, représentants du gouvernement et élèves journalistes ont passé au peigne fin la responsabilité qui les incombe au fin de faire retrouver à la presse ses lustres d’antan.
La presse a été et demeure au centre de la dynamique démocratique du Sénégal depuis les indépendances. Elle joue un rôle primordial dans l’alternance politique en l’occurrence les évènements de 2000 et 2012, a reconnu Amadou Kanouté, conseiller technique à la direction de la communication, qui se désole du modèle économique adopté par les entreprises de presse, avouant que seuls trois organes de presse béneficient véritablement des publicités, qui aujourd’hui ne comblent plus le vide des besoins des entreprises de presse.Une situation qui pousse les hommes des médias à des pratiques peu orthodoxes, a-t-il diagnostiqué.
Engager des journalistes sans leur assurer une bonne couverture sociale ou des stagiaires sans rémunérations, relève d’un manque de responsabilité et d’un manque de modèle économique dans les entreprises de presse, a répondu Mamadou Ibra Kane, le président de l’association des patrons de presse, qui fustige « la discrimination observée par le ministère dans la répartition du fonds d’aide à la presse. »
Pour le secrétaire général du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Ibrahima Khaliloulahi Ndiaye, la mission du journaliste est si importante qu’il lui faut un environnement juridique et économique favorable. Et dans le cas d’espèce, les journalistes doivent aussi prendre leur destin en main à travers une formation et une production de qualité, le versement des cotisations …Non sans préciser que le « Soleil » et la « RTS », tous organes du service public bénéficient d’une convention maison, ce qui pose la nécessité de vite mettre en oeuvre la convention collective du nouveau code de la presse au Sénégal, a -t-il indiqué.
Dans cette lithanie de difficultés dont est confrontée la presse sénégalaise, les radios communautaires sont encore plus touchées.Talla Dieng, président de l’association des radios communautaires, a évoqué le manque criant du financement de ces radios et surtout celui des ressources humaines de qualité. Revenant sur la mission des radios communautaires qui est d’informer les populations à la base sur les politiques de gestion de la cité, il a déploré le manque de soutiens particuliers de l’Etat à leur endroit.
Mais face à tous ces fléaux qui jonchent le quotidien de la presse, il y a de quoi être optimiste quand à l’avenir du métier.Ce qui a fait dire à Amadou Kanouté que, malgré l’immersion du journaliste citoyen et consorts, le métier du journaliste ne va pas mourir. Il reste aux acteurs de se distinguer par la qualité de leur production, et la rigueur dans le traitement des informations.