Adama SENE (Saint-Louis)
Le 08 mars de chaque année, est célébré la journée internationale des droits de la femme. Instituée par les Nations-unis depuis 1977, cette journée dédiée aux femmes du monde leur permet de faire des revendications, de réclamer des améliorations de la condition féminine, de sensibiliser leurs sœurs sur leurs devoirs et d’exiger leurs droits. Et, pour mettre en lumière ces braves femmes qui luttent de façon inlassable pour subvenir aux besoins de leurs familles Teranganews vous fait découvrir ses vies de femmes qui font des métiers qui étaient a priori exercés par des hommes ou elles excellent maintenant en dépit des dures conditions de travail.
Sokhna Maimouna Sankharé est agent préposé à la sécurité dans une entreprise agricole à Saint Louis…son portrait nous est brossé par notre correspondant Adama Séne a qui elle confié ses difficultés, et ses attentes pour sortir la tête de l’eau…
Assise sur une chaise en bois, des registres et un appareil téléphonique, bien rangés sur une table, la présence de Sokhna Maimouna Sankharé au poste de garde de la direction générale d’une entreprise agricole sise dans la capitale du Nord, ne laisse pas indifférent le visiteur.
De taille élancée, teint noir, bientôt la trentaine, Sokhna Mai pour les intimes, est agent de sécurité et chef de poste des vigiles qui officient sur les lieux. Ancienne militaire, elle est de la classe 2010/11 et exerce le métier d’agent de sécurité depuis plus de 06 ans.
Pour accéder à l’intérieur des services administratifs de l’entreprise, il faut montrer patte blanche à cette dame toujours très correcte dans sa tenue de couleur bleu de nuit qui épouse parfaitement ses formes, les yeux également toujours masqués derrière des lunettes noires.
A l’en croire, ce métier n’est pas facile. «Avant d’arriver ici, j’ai fait pas mal de postes où j’étais en tout temps l’unique femme du groupe. Le gardiennage est un métier très difficile pour une femme surtout dans les services où il y a beaucoup de mouvements, où on reçoit tous les genres d’individus » a expliqué Sokhna Maimouna Sankharé.
Cependant, a-t-elle poursuivi, pour rester dans le milieu, il faut de l’audace et du caractère parce qu’il est masculinisé. « Depuis Juillet 2017, je suis le chef de poste et j’ai sous ma responsabilité une dizaine d’hommes souvent plus âgés que moi. Mais avec ma formation militaire et mon caractère de femme rebelle, je parviens à gérer sans trop de problèmes. Tout ce qu’un collègue-homme fait en tant que chef de poste, je le fais pour imposer mon autorité sur le groupe en tant que femme. Je m’entends bien avec mon équipe, mais je ne me laisse pas faire dans le cadre du travail. Personne n’ose prendre une décision dans son poste de garde sans mon aval. Ce n’est pas parce qu’on est femme qu’on doit se sous-estimer pour faire certains métiers comme le gardiennage ou la garde rapprochée » a-t-elle soutenu.
Même si elle fait un clin d’œil à ses sœurs d’embrasser le milieu de la sécurité, elle reconnait que le métier est contraignant et nécessite beaucoup de sacrifices surtout pour une femme. « J’ai droit qu’un jour de repos par semaine et chaque jour je suis au boulot de 07 heures du matin à 19 heures du soir. Les permissions ne sont pas souvent autorisées par notre direction, pratiquement je ne vais plus dans nos cérémonies familiales. Ensuite je me demande, si j’étais mariée, qu’allais-je faire ? Raison pour laquelle j’invite mes sœurs à saisir la journée internationale de la femme pour réfléchir sur les droits des travailleuses dans le gardiennage puisque les horaires sont impossibles et les salaires sont trop moyens » a signalé Sokhna Mai.
Profitant de la sortie de l’élection présidentielle du 24 Février dernier, l’ancienne pensionnaire du dojo karaté du lycée Charles Degaulle, a appelé le prochain gouvernement à pencher davantage aux problèmes des femmes en leur offrant plus de formations professionnelles et de financements à des taux réduits.