Le Ramadan tire à sa fin et, l’on dirait que les ‘ndogou’ servis dans les rues se font plus intenses. Partout dans la ville, ces gens, « en bon samaritain », redoublent d’ardeur pour marquer les esprits par ce moment de partage.
Il est 18h dans le populeux quartier de la Médina. Accrochant, le tableau qui se dresse sous les yeux du nouveau venu. Regroupés dans un espace peu commode, les jeunes du quartier s’activent à la préparation du « ndogou ». Debout devant la marmite remplie de café, Fallou jette de temps à autre des coups d’œil sur sa cuisson, tout en s’occupant du pain. « Nous sommes à une semaine de la Korité. C’est pourquoi, nous mettons le paquet pour marquer ce mois, » dit-il la mine ravie.
D’autres, allant de voiture en voiture, ou interceptant quelques passagers, continuent leur quête, afin de pouvoir accomplir cet acte, devenu un rituel. « Ce rituel, lance Mademba, est maintenant une obligation. Les gens, nous les avons habitués à cela. Plus qu’un partage, c’est un devoir pour nous autres, et nos frères chrétiens mettent la main à la pâte » affirme-t-il, la voix déterminée.
La marmite de café touba boue au moment où Ismaila reste concentré sur les graines de café à moudre avant l’ultime heure. « Nous favorisons les personnes démunies. Beaucoup d’entre elles nous attendent pour couper leur jeûne. Et en ce moment, même ceux qui ne faisaient pas partie de notre association viennent nous prêter main forte. C’est comme cela à chaque fois que le Ramadan tire à sa fin. »
Il en est de même dans le quartier de Liberté six. Les jeunes rencontrés s’affairent de manière hâtive dans la préparation. Leurs voix s’élèvent de partout. Madou Seck affirme que les gens du quartier ont fini de rallier leur cause. « Aussi bien notre jeune génération que les adultes se sont joints à nous. Au début, nous allions de maison en maison à la recherche de pièce afin de perdurer les ‘ndogou’. Mais, depuis deux semaines, c’est la monnaie qui vient vers nous, » dit-il sourire. Le Ramadan est un moment de dévotion, mais aussi et surtout de partage. Avec ces « ndogou » distribués, le partage s’est fait une place de choix durant ce mois béni. « Malheureusement, certains n’en prennent conscience qu’à la fin, » dit-il sourire
Les écoles de formation aussi font partie du lot. Les ‘ndogou’ gratuits se passent dans celles où les étudiants font des cours du soir. Et, ce sont leurs camarades qui se portent garants de leur ndogou. « Avec le Ramadan qui tire à sa fin, j’ai remarqué que nos camarades font encore plus d’effort pour nous satisfaire, avance Mariétou Badji. Au début, ils n’étaient qu’une minorité et ils manquaient de bras. A quelques jours de la fête, beaucoup de nos camarades s’y sont mis. Je ne me l’explique pas. Peut-être attendaient-ils la fin pour faire preuve de bonne volonté, pensant qu’ils en seront divinement récompensés, » dit-elle un brin moqueur.

