Le Prince héritier de l’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salman, a fait de la lutte contre l’islam radical une de ses priorités, selon Al-Toraifi, ancien ministre saoudien de l’Information et de la Culture.
Selon le Prince, les prédicateurs salafistes traditionnels ne sont en principe ni violents ni politiques, mais ils ont une vision rigoureuse de l’islam. «Leurs décisions judiciaires et la police de la moralité qu’ils ont mis en place, ont rendu le royaume de plus en plus intolérant. Le tout compromettant l’ouverture graduelle qui avait eu lieu dans les années 1960 et 1970», a ajouté Al-Toraifi.
Dans les écoles saoudiennes, l’éducation était largement confiée aux ressortissants étrangers, dont nombre d’entre eux avaient eu maille à partir avec la confrérie des Frères musulmans, fondée en Egypte. « L’idée des décideurs saoudiens était simple: donner aux islamistes politiques et à leurs affiliés salafistes la possibilité d’exercer une influence dans les domaines éducatives, juridiques et religieuses, et nous continuerons à contrôler la politique étrangère, l’économie et la défense », explique l’ancien ministre.
L’ancien ministre affirme que les pourfendeurs du prince héritier Mohammed Ben Salman décrivent le prince comme un jeune homme trop pressé. « Ils ont raison et le nouvel homme fort du royaume n’a pas tort », a-t-il lancé, non sans rappeler : « Le temps ne joue pas en notre faveur. Nous devons réformer notre pays sans attendre.»
L’opinion de Ben Salman est connue de tous. Selon lui, il est évident que l’islam politique, qu’il soit sunnite ou chiite, confrérique ou salafiste, a déchiré plusieurs nations dans le monde musulman.
« Ce chaos donne une mauvaise image de l’Islam à travers le monde. Par conséquent, il est de notre devoir de contenir toutes les idéologies virulentes ainsi que les groupes pernicieux et si nécessaire avec l’implication de nos alliés occidentaux et du Moyen-Orient » a expliqué Al-Toraifi citant le Prince Héritier.
Le roi Salman et le prince héritier Mohammed ont déjà introduit des changements radicaux. Le Prince Héritier a entrepris le travail de réduction de l’influence de la police religieuse. Ces ‘moralisateurs’ désormais n’ont plus le droit d’arrêter qui que ce soit dans la rue. Ils ont été complètement muselés.
Récemment, le Roi et le Prince Héritier ont accordé aux femmes saoudiennes le droit de prendre le volant et de faire du sport. Les femmes en Arabie Saoudite ne sont plus tenues de porter le foulard.
« J’aimerais voir plus de femmes promues à des postes de responsabilité dans le gouvernement. Il est grand temps que l’Arabie saoudite tire pleinement parti du potentiel économique des femmes », a fait observer l’ancien ministre.
S’appuyant sur les réformes de l’éducation de la dernière décennie, le prince héritier a lancé la Fondation MiSK pour offrir aux jeunes saoudiens une formation professionnelle conforme aux normes internationales. Il a par ailleurs ouvert la voie à la normalisation de la vie en Arabie saoudite pour les jeunes, qui sont de plus en plus irrités par les nombreuses restrictions sociales.
La nouvellement créée « General Entertainment Authority » organise des concerts, des représentations théâtrales et ouvre des cinémas avec des films étrangers.
Égrenant les nombreuses réformes lancées par le Prince Héritier, Al-Toraifi a souligné que Ben Salman a entamé le travail nécessaire pour combler le fossé générationnel dans les instances de prise de décision.
Pour rappel, trois quarts des Saoudiens, ont moins de 35 ans. Cette jeunesse maîtrisant parfaitement les dernières technologies de l’information et de la communication n’hésite pas à faire part de leurs frustrations, notamment avec la corruption. C’est ce qui a d’ailleurs motivé la récente traque des hauts fonctionnaires et responsables soupçonnés de corruption.
Lors d’une conférence organisée en octobre 2017 à l’intention des investisseurs internationaux, Mohammed Ben Salman a fait part de sa vision d’un islam modéré. « L’Arabie Saoudite n’était pas comme ça avant 1979. Nous voulons revenir à ce que nous étions, un royaume avec un islam modéré qui est ouvert à toutes les croyances. Nous voulons mener une existence normale et vivre en paix avec le reste du monde tout en contribuant à son progrès. Pendant mon règne, je me suis rendu compte que, même si l’Arabie Saoudite continuera de faire face à des défis, pour la première fois en quatre décennies, les fantômes qui hantent l’Arabie saoudite marchent à reculons», s’est-il enorgueilli.

