L’adage renseigne que « l’habit ne fait pas le moine », pourtant dans certaines situations ou occasions, le port vestimentaire sert de visa d’entrée et dans d’autres cas, il est un véritable obstacle à nos aspirations sociétales et mêmes professionnelles. Nous, nous sommes rapprochés de certaines structures pour s’enquérir de la place du style vestimentaire dans leurs locaux. Reportage.
Elle est loin, très loin l’époque où les femmes se couvraient et ne laissaient dévoiler aucune partie de leur corps. Pareil pour les hommes qui autrefois, s’habillaient décemment. La mode, de nos jours déshabille la femme de plus en plus. Elle fait descendre les pantalons des hommes au plus bas de leurs postérieurs appelé : « check down ».

Le check down est né jadis, dans les prisons américaines. En effet, les prisonniers menottés n’avaient aucune ceinture pour soutenir leurs pantalons. En se déplaçant pour effectuer des corvées pénitentiaires, leurs pantalons descendaient ce qui avait d’ailleurs modifiait par la même occasion leur démarche. De nos jours, ce style a été adopté par les jeunes d’un certain âge des deux sexes confondus.
Magatte Diop, membre de l’administration à l’Université du Sahel renseigne que le port vestimentaire des étudiants est veillé au grain. « Ici, on surveille la manière de s’habiller des jeunes. Ces étudiants sont de futurs responsables. Donc on veille à ce qu’ils soient responsables dans leur mise ». Magatte Diop, qui a fait savoir qu’à plusieurs reprises, il a chassé plus d’un étudiant à cause de ses vêtements. « Lorsque l’étudiant se présente avec un port vestimentaire qui ne sied pas, on l’appelle et on le verbalise. Il arrive que l’étudiant récidive, c’est dans ce genre de situation que nous demandons à l’étudiant de rentrer se changer ».
Un détail qui est également pris en compte par les professeurs. « Nous demandons aux étudiants d’observer les tenues des professeurs. Heureusement pour nous, il y a des professeurs qui n’acceptent pas certaines tenues ».
Qu’en est-il des jeans et hauts déchirés, qui sont vendus dans les grandes surfaces commerciales à des prix défiants l’entendement…?

Dans les rues de la capitale sénégalaise, il ne se passe pas un jour sans que l’on ne croise un jeune avec un pantalon sous son postérieur. Et pour les filles ? Les robes et jupes longues ont fait place aux jupes qui à la limite frisent l’indécence.
Pire encore, on retrouve ce style vestimentaire même dans certaines sociétés et entreprises de la place. Monsieur Alpha Ngom, propriétaire d’une école de formation en interprétariat n’est pas étranger aux faits. Dans son institut, il a eu à renvoyer une étudiante pour son style vestimentaire non-approprié. « La fille était habillée de façon à se rendre en boîte de nuit, et même si, elle était en mesure de payer sa formation, je lui ai clairement fait savoir que ce n’était pas une façon décente de se vêtir ».
A la question de savoir comment la fille a réagi il déclare « mal, elle l’a mal pris, disant qu’elle était à l’aise ainsi et que moi, je n’avais pas à lui dire comment s’habiller. Je n’ai rien ajouté car dans ma tête, elle était déjà hors de mon établissement » a confié le directeur.
Les « victimes » de la mode, ne semblent pas être informées sur les éventuelles sanctions qui pourraient en découler de leur port vestimentaire. C’est le cas de Maty Dieng, la vingtaine révolue, elle porte un jeans noir déchiqueté et très près du corps. L’étudiante en droit dit ne pas voir le lien entre son habillement et ce qu’elle fait. « Personnellement, je ne vois pas pourquoi on peut chasser une personne parce qu’elle a porté un destroye, je trouve cela abusé».
Boubacar Ndiaye, pantalon sous son postérieur, démarche décalée à la façon des rappeurs américains est en train de patienter le sandwich qu’il a commandé. Interrogé sur sa tenue il avance « on est obligé quelques fois obligé de s’aligner, car c’est la mode. Y a rien de mal, c’est juste mon sous-vêtement qu’on voit, ce n’est pas comme si j’étais nu… », confie le jeune homme avec un sourire en coin.
Et, il y en a qui la mode n’a pas toujours fait son effet au regard de tous. Nogaye Dione, en sait quelque chose. Lorsque nous l’abordions pour les besoins d’enquête, durant les explications la jeune souriait… Et ce n’est qu’après qu’elle nous a résumé cet épisode qualifie-t-elle de honteuse dans une société de la place.
Incident qui l’a d’ailleurs poussée à reconsidérer l’image qu’elle avait de la mode. « J’ai été à la limite chassée d’une entreprise parce que j’avais porté une mini-jupe. La dame m’avait tellement mal parlé, que je pensais qu’elle avait un antécédent avec moi. Je me suis pas laissée faire, mais intérieurement j’étais dévastée et toute honteuse. Et puis c’était en présence de gens ». A laissé entendre Nogaye, aujourd’hui reconvertie dans le port de pantalons super 100 ou jeans.
Si pour certaines personnes, être à la mode c’est normal car disent-elles, « il faut vivre son époque… », pour d’autres, elles soutiennent qu’« être à la mode ne signifie pas d’heurter la sensibilité d’aucuns encore moins, lorsque cela peut nous porter préjudice. »



