Au Sénégal et partout ailleurs, le Ramadan nous force à changer nos habitudes alimentaires. Le sénégalais, lui, très attaché à son ‘thiebou djeun’, fait de son plat favori, son dîner. Consommer du riz pendant toute la durée de ce mois, avec tout que cela implique ne cause-t-il pas plus de mal que de bien ?
Le Ramadan consistant en un jeûne diurne, n’autorisant aucune prise alimentaire, les soirs, deviennent de véritables festins. Ce qui fait que pendant cette période, l’on alterne entre abstinence dans la journée et excès alimentaires nocturnes. Le gros problème c’est que l’alimentation devient plus riche que d’habitude en sucre et en graisse, d’où des glycémies plus fréquemment élevées. Et le plus étonnant, est que la plupart de sénégalais le savent mais, refusent de changer cela ou prétendent ne pas avoir le choix.
Marème Diop, la quarantaine, le confirme : « J’habite dans une grande famille. Pendant toute la durée du mois, nous alternons le riz rouge au poisson et le riz blanc. C’est néfaste, car, les plats sont d’habitude préparés avec beaucoup d’huile, nous en sommes conscients. Mais, nous n’avons guère le choix. Parce que, dans une maison comme la nôtre où vivent plus d’une vingtaine de personnes, on ne peut que se limiter à ces plats-là. Nous ne mangeons peut-être pas sainement, mais nous sommes rassasiés et c’est ce que nous cherchons, » dit-elle, entre deux hoquets. Mor Ndao, commerçant au marché tilène affirme : « Pendant le Ramadan, depuis toujours, nous mangeons du riz le soir. On nous dit que ce n’est pas bien. Mais, il faut prendre en compte la société. Manger du riz le soir est une tradition chez nous. Difficile de s’en passer maintenant que c’est devenu plus qu’une habitude. »
Si d’aucuns soutiennent que cette habitude alimentaire est une coutume sociétal d’où son caractère indispensable, d’autres, et pas que peu, avancent le manque de moyens. Ce qu’atteste ce septuagénaire trouvé assis devant sa porte : « Nous ne pouvons pas changer nos habitudes alimentaires en bien si les moyens font défaut. Notre riz, bien qu’il soit assez tout ce que voulez, nous préserve de la faim. Tout ce que les diététiciennes et autres experts en alimentation préconise n’est pas tout à fait accessible à tout le monde.
Cette année, le coucher du soleil étant déjà tardif, il est préférable de couper directement le jeûne par le dîner (après s’être réhydraté par petites gorgées). Ce dîner doit être léger. Il faut éviter de faire des excès le soir, sous peine de se sentir mal ensuite (douleurs d’estomac, ballonnements), de mal de dormir, de se couper l’appétit pour le lendemain matin et bien entendu, de prendre du poids !
Pour les nutritionnistes, il est important de varier tous les jours ses aliments (poissons, viandes, œufs, légumes, féculents, légumes secs…) pour diversifier les apports alimentaires, éviter les carences et la monotonie ! Le fait de manger tous les jours du riz au poisson (thiébou dieune) n’est très recommandé, même si le sénégalais tient beaucoup à son « plat national ».
Le Ramadan influe sur les sénégalais, change son comportement mais, affecte leurs habitudes alimentaires. Entre famille trop nombreuse, manque de moyens, tradition et manque de choix, ils apportent des raisons à leur comportement alimentaire jugé peu approprié au jeûne par les nutritionnistes.

