Au surlendemain de la bousculade meurtrière de ce dimanche 19 novembre causant la mort de 15 femmes, à Sidi Boualalaam, à 60 km d’Essaouira au Maroc, des voix s’élèvent.
Elles sont mortes piétinées dans un mouvement de foule lors d’une campagne de distribution de denrées alimentaires organisée par un mécène privée.
Un drame qui vient rappeler, selon les observateurs, que le Maroc compte encore de nombreuses poches de grande pauvreté dans le royaume.
Alors que le journal Akhbar al-Yaoum barrait sa Une du mot « honte » et publiait la liste de ceux qu’il a nommés « les martyrs de la farine », le site d’information Médias 24 assure, lui, que le vrai responsable du drame est la pauvreté. Les enquêtes judiciaires et administratives, lancées quelques heures après la bousculade meurtrière, n’ont visiblement pas suffi à contenir l’indignation dans la presse et dans les réseaux sociaux.
Des réactions qui dénoncent, à travers ce lourd bilan, le manque d’encadrement de l’opération de distribution, mais surtout la persistance de la pauvreté au Maroc, aboutissant à de telles scènes de chaos. Sidi Boualaalam, cette ville déshéritée de 8 000 habitants, ressemble en effet à de nombreuses autres bourgades du royaume, vivant de l’élevage et fortement dépendantes des précipitations. Ses habitants font face à nouveau cette année à un retard inquiétant des pluies.
Pour tenter de faire taire la polémique, le ministère de l’Intérieur a invité dans un communiqué à ne pas « travestir les faits ni surenchérir », en invoquant les besoins des personnes nécessiteuses.
Les autorités locales, elles, estiment que la misère n’a rien à voir avec la tragédie. « Certains sont venus de loin, d’Agadir ou de Marrakech pour profiter de l’aide. Les derniers arrivés pensaient qu’ils n’y arriveraient pas. En plus des nécessiteux, il y avait des citoyens qui n’avaient besoin de rien et sont venus pour profiter, ou même pour spéculer, pour prendre de l’aide et la vendre », a déclaré à l’AFP une source au sein de l’exécutif sous couvert de l’anonymat.
Le roi du Maroc a annoncé la prise en charge personnalisée des obsèques des victimes, ainsi que les soins des personnes hospitalisées.

