Pour pouvoir se tenir loin des jouissances et plaisirs de la vie pendant le Ramadan, les jeunes ont adopté une stratégie à leur image, la traditionnelle « préparation de l’abstention » communément appelée « Teuthie saison ».
L’ambiance de ce dernier samedi précédant le mois béni en a attesté. Dakar, a vibré sous l’euphorie des jeunes. De la ville aux Almadies, l’atmosphère était sans pareille. Et, ils ne s’en arrêteront pas là; les derniers jours précédant le Ramadan seront tout aussi festifs.
Entre boîtes de nuit, appartements avec piscine, sorties, ils ne laissent rien au hasard. Ce qu’ils cherchent, en profiter un max. Momo Ndiaye, 23 ans le confirme : « Mes jouissances ont commencé il y’a deux semaines. Je suis étudiant, mais tous les jours, je trouve du temps pour me faire plaisir. Hier, mercredi, je suis allé en boîte de nuit avec des amis » dit-il tout content. A l’instar de Momo, Rama, misent sur les sorties entre amies : « Mes derniers jours avant le Ramadan, je les passe au resto. Mes amies et moi, nous faisons le tour des restaurants où baigne un climat de joie et de vie. » A les entendre, l’on croirait que le Ramadan constitue un frein à leur vie. Ce que soutiennent beaucoup d’entre eux rencontrés vers le quartier Liberté 6. Ce qui sans doute explique leur comportement. : « Le Ramadan, c’est un tout un mois sans sorties, je trouve normal que l’on en profite autant que possible. En tout cas, j’opte pour louer un appartement, et se divertir entre amis et en couple, autant que possible. Si mes amis n’étaient pas en examen, nous irions à Saly comme l’année dernière. » Un groupe de filles, trouvé au bord de la place du souvenir, partage l’avis de Balla. Moulées dans des robes, cachant à peine leurs jambes, elles avancent presque en criant : « Nous sommes jeunes, il faut que jeunesse se fasse. » Un couple, enlacé, assis sur un banc profite de leurs instants en amoureux : « C’est un mois où, il nous est impossible de voir nos copains » , dit la femme. Dès lors, poursuit le copain, « on ne peut que nous en délecter », avance-t-il sourire.
Face à ce phénomène devenu coutume chez bon nombre de jeunes sénégalais, les prêcheurs ne demeurent pas muets. Seydina Omar Ndiaye, Oustaz à la Gueule-Tapée, en parle, la voix manifestement obstruée par une désolation, et un visage traduisant un air d’incompréhension. « J’ai en effet remarqué cette habitude chez la jeune génération. Cela fait quelques temps que je constate avec une profonde désolation cette pratique. Je m’en suis ouvert à eux, récemment, lors de la prière du vendredi. J’ai opté pour un échange, en vue de comprendre ce qui les pousse à agir de la sorte. Bien qu’ils m’ont parlé, je peine à vraiment comprendre. Parce que, se comporter de la sorte, avant le mois béni, reviendrait à penser que, ce n’est que pendant cette période, qu’il faut être droit. Or, nul ne devrait oublier que faire le bien, ce qui est approuvé et conseillé, par le Saint Coran, ne concerne pas que le Ramadan, mais bien tous les mois. Le Bon Dieu, n’est pas dupe », dit-il en secouant la tête. «Ce mois peut être considéré comme une promotion, où chacun voit ses bienfaits, quintuplés, s’ils sont accomplis avec le cœur. Je ne saurai comprendre à quoi servira ce qu’ils font. »

