La compagnie Esso Petrolum prendra en charge la commercialisation du brut du bassin pétrolier de Doba, au Sud du Tchad à partir du 2 janvier 2018. Esso Petrolum s’acquittera de sa facture « en espèces» au trésor public.
C’est le ministre tchadien de l’Energie et du Pétrole, M. Béchir Madet qui a livré l’information dans une lettre adressée au président directeur général d’Esso Tchad, M. Christian Lenoble.
« Nous faisons référence à votre courrier du 16 octobre 2017 en réponse à notre courrier du 4 octobre 2017 vous notifiant de la décision de la République du Tchad de modifier le mode de perception des redevances dues par le Consortium sur la production totale des hydrocarbures. Nous vous confirmons notre décision de percevoir les redevances en espèces jusqu’à nouvel ordre », écrit le ministre Béchir Madet.
Le ministre tchadien de l’Energie et du Pétrole, a insisté sur le fait que, l’Etat tchadien souhaitait percevoir en espèces et non en nature, les redevances dues par le Consortium le 2 janvier 2018, pour lesquelles, dit-il, les dernières prévisions de cargaisons fournies par COTCO indiquent que le gouvernement du Tchad aura un chargement de cargaison à cette date.
Selon les observateurs nationaux, cette décision risque de créer un conflit entre le gouvernement tchadien et le trader suisse Glencore qui commercialise le brut tchadien au nom de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) depuis 2014 suite à un accord commercial signé (révisé en 2015) avec les autorités tchadiennes.
Depuis que la crise économique et financière frappe le pays, les autorités tchadiennes ont tenté en vain de renégocier le contrat avec Glencore. Toutes les tentatives de revoir l’accord avec Glencore n’ont pas abouti. Par exemple cette année, sur environ 8 millions de barils qui ont été vendus, le trésor public du Tchad n’a reçu que 20 millions de dollars. Le Tchad ne percevait presque rien des revenus de son brut qui sont perçus directement par Glencore.
Le consortium pétrolier qui gère le brut de Doba est formé d’ESSO, ExxonMobil et Chevron dont ESSO est actionnaire majoritaire.
Mais, lorsque Chevron voulait se retirer du consortium, l’Etat tchadien a emprunté 2 milliards de dollar auprès de Glencore pour racheter les parts de Chevron.
Une situation qui asphyxie le Tchad qui compte énormément sur les revenus pétroliers. Selon une source au ministère des finances, la décision de l’Etat tchadien risque de créer un conflit avec Glencore même si le trader suisse a mis le Tchad dans une situation extrêmement difficile, économiquement.

