Malabo, 11 novembre 2025 – La signature d’un accord migratoire entre la Guinée équatoriale et les États-Unis suscite une vive controverse, aussi bien à Malabo qu’à Washington. L’entente prévoit le versement de 7,5 millions de dollars par les autorités américaines en échange de l’accueil, par la Guinée équatoriale, de migrants expulsés du territoire américain.
Selon plusieurs sources relayées par Africanews, ce financement proviendrait d’un fonds d’aide aux crises humanitaires. Officiellement, il vise à soutenir la logistique et les infrastructures nécessaires à la réintégration des personnes refoulées. Mais pour de nombreux observateurs, cette opération soulève davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Des inquiétudes sur les droits humains
Le régime du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, est régulièrement accusé de violations des droits humains et d’opacité dans la gestion des ressources publiques. Dans ce contexte, plusieurs ONG craignent que les migrants renvoyés dans le pays ne bénéficient d’aucune protection adéquate.
« Il est dangereux de renvoyer des personnes vers un État où les garanties fondamentales sont limitées », dénonce un défenseur des droits humains cité par Africanews. Ces inquiétudes s’ajoutent à un climat de méfiance déjà installé vis-à-vis du gouvernement équato-guinéen.
Des critiques également aux États-Unis
Aux États-Unis, l’accord alimente un débat politique. Certains parlementaires accusent l’administration Trump de “sous-traiter” sa politique migratoire à des régimes autoritaires. Pour eux, ce type d’arrangement va à l’encontre des valeurs américaines et risque de compromettre l’image du pays à l’international.
Un partenariat à double tranchant
Pour la Guinée équatoriale, cet accord représente un moyen de renforcer ses relations diplomatiques avec Washington et d’obtenir de nouvelles ressources financières. Mais il pourrait aussi ternir davantage sa réputation sur la scène internationale, notamment au sein des institutions africaines et des ONG.
En attendant plus de précisions sur les modalités de mise en œuvre, l’opacité entourant l’utilisation des fonds et les conditions d’accueil des migrants reste entière. Entre calculs diplomatiques et enjeux humanitaires, cet accord illustre une tendance croissante : celle de déléguer la gestion des migrations à des pays africains, au risque de transformer une question humaine en simple transaction politique.
Genèse MOUKAHA

