L’élection présidentielle du 12 octobre continue de faire des vagues au Cameroun. Alors que la Commission électorale nationale (ELECAM) n’a pas encore publié les résultats officiels, l’opposition accuse le pouvoir en place d’avoir orchestré de vastes fraudes, plongeant le pays dans un climat d’inquiétude et de méfiance.
Mercredi soir, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, notamment à Douala, où des groupes de jeunes ont érigé des barricades et incendié des pneus pour contester le déroulement du scrutin. Les forces de l’ordre ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser la foule. Selon les autorités, une vingtaine de personnes ont été interpellées après une tentative d’intrusion dans les locaux d’ELECAM.
Le préfet du Wouri, Sylyac Marie Mvogo, a appelé les citoyens au calme et au respect des institutions, affirmant que « nul ne doit se faire justice lui-même ».
Dans ce contexte tendu, le principal opposant Issa Tchiroma Bakary s’est autoproclamé vainqueur du scrutin, appelant le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans, à reconnaître sa défaite. Le camp présidentiel a aussitôt rejeté cette déclaration, accusant Tchiroma de semer le désordre et de vouloir délégitimer le processus électoral.
Parallèlement, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a annoncé l’incendie d’un de ses bureaux à Dschang, pointant du doigt des partisans de l’opposition. Le secrétaire général du parti, Jean Nkuété, a promis que des poursuites judiciaires seront engagées contre les auteurs présumés.
Plusieurs observateurs de la société civile ont également fait état d’irrégularités, notamment des cas de bourrage d’urnes et des tentatives d’intimidation dans certains bureaux de vote.
Selon Africa News, la Cour constitutionnelle doit proclamer les résultats définitifs d’ici le 26 octobre. En attendant, la tension reste vive dans un pays où la lassitude face au long règne de Paul Biya, 92 ans, se mêle à une forte demande de changement politique.
Genèse MOUKAHA