En Guinée, derrière les lumières de la scène et l’énergie des spectacles, les artistes vivent souvent une réalité plus sombre : revenus irréguliers, absence de protection sociale et aucune garantie pour l’avenir. Cette fragilité pousse aujourd’hui plusieurs acteurs du secteur culturel à demander une véritable professionnalisation du métier artistique.
L’humoriste et comédien Mamadou Thug insiste sur l’importance de mettre en place un système de sécurité sociale adapté. Selon lui, les artistes ne peuvent plus se contenter de primes occasionnelles ou de droits d’auteur limités : « Après la scène, l’artiste doit pouvoir toucher un salaire ou bénéficier d’une assurance. C’est ainsi qu’il pourra envisager une carrière durable. » Il cite l’exemple de certains pays où les artistes peuvent vivre de leur art grâce à des dispositifs clairs et structurés.
De son côté, Macka Traoré, responsable des industries culturelles et créatives, rappelle que la musique reste le cœur de toute l’industrie culturelle guinéenne. Pour lui, seule une véritable structuration du secteur et la mise en place de stratégies solides permettront de valoriser durablement les talents et de promouvoir la culture nationale.
D’après le journal le 360Afrique, les discussions sont en cours autour de la création d’un syndicat d’artistes, perçu comme un outil essentiel pour défendre leurs droits et instaurer une cohésion dans le milieu. Le consultant culturel Ismaël Condé estime que ce type d’organisation collective pourrait fonctionner comme un orchestre, où chaque acteur apporte sa contribution pour créer une harmonie commune.
Cependant, certains artistes se montrent encore réticents, par peur de perdre leur indépendance ou faute de confiance dans les structures existantes. Malgré ces obstacles, une conviction s’impose : sans organisation collective, mécanismes de protection et reconnaissance institutionnelle, les artistes guinéens continueront de lutter entre la passion de la scène et la dure réalité de la survie.
Genèse MOUKAHA

