L’entretien accordé à l’hebdomadaire « Jeune Afrique » est largement relayé par la presse en ligne avec des passages sur ses douze ans de pouvoir, ses relations avec ses opposants dont le plus en vue est Ousmane Sonko, sa vie d’après le pouvoir, Macky Sall évoque des sujets qui font débats au Sénégal. Récit.
« Vraiment je n’ai aucun regret »…évoquant le sort réservé à son principal opposant Ousmane Sonko
Le Président de la République Macky Sall n’a dit éprouver “aucun regret” dans le traitement réservé à l’opposant Ousmane Sonko, dans un entretien sur Jeune Afrique.
“Vraiment, je n’ai aucun regret : tout ce qui a été fait l’a été selon les normes démocratiques les plus élevées. Force doit rester à la loi”, a-t-il dit.
“Ceux qui veulent l’anarchie et le chaos pour assouvir leurs ambitions me trouveront sur leur chemin, a-t-il poursuivi. De soi-disant militants de son parti ont tué des femmes innocentes en lançant des cocktails Molotov contre un bus de transport public dont ils avaient bloqué la porte. Et on va manifester pour la libération de personnes qui ont commis ces atrocités ?”.
Macky Sall a par ailleurs rejeté les critiques sur les condamnations judiciaires de ses principaux opposants, Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko, durant son magistère. “Les opposants, ou les hommes politiques de façon générale, ne seraient pas justiciables ? a-t-il rétorqué. Vous-mêmes (ndlr : le journaliste de JA) avez évoqué les menaces de mort, les appels à me destituer ou à l’insurrection lancés par l’un de mes adversaires [Ousmane Sonko]. Si le Sénégal était une dictature, comme certains veulent le faire croire, pensez-vous sincèrement qu’il aurait pu passer une seule journée à m’insulter en boucle ?”.
Sur la question d’après pouvoir, le président Sall dit “vouloir s’occuper de parfaire son Anglais”, après la fin de son bail à la tête du Sénégal. “Ensuite, il y a des sujets très importants dans lesquels j’aimerais m’investir, comme le leadership, la voix et le poids de l’Afrique dans le concert des Nations – nous venons d’obtenir un siège au G20 pour l’Union africaine, il faut qu’il soit bien occupé”.
Macky Sall a listé les causes sur lesquelles il souhaite s’investir : “ tous les débats sur la gouvernance mondiale, qu’il s’agisse de la gouvernance financière, avec la nécessaire réforme des institutions de Bretton Woods, ou le climat. La part de l’Afrique dans la pollution mondiale est de moins de 4%, et on lui dit : « Tu n’as pas le droit d’utiliser des énergies fossiles, et en tout cas, on ne les finance pas. » C’est profondément injuste. Sur tous ces thèmes, je pense humblement pouvoir apporter une contribution, à la fois pour l’Afrique, pour le monde, et naturellement pour le Sénégal”.
Sur ses relations avec son futur successeur à la tête du Sénégal, Macky Sall est catégorique : “Il faut savoir tourner la page : je ferai comme Abdou Diouf, je me retirerai complètement”.
« L’exercice du pouvoir rime avec solitude… »
« Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ou surpris dans l’exercice du pouvoir ? ». A cette question de « Jeune Afrique », Macky Sall répond : « D’abord, la solitude à chaque fois que les situations sont difficiles. Quand tout va bien ou que la victoire est là, tout le monde participe, tout le monde est content, tout le monde réclame. Dans le cas inverse, vous êtes seul. Il faut s’y préparer, ne pas se décourager ».
Aussi, a ajouté le président de la République, « la politique rime trop souvent avec trahisons, querelles, petits meurtres entre amis, comme on dit. C’est lié à la nature du pouvoir. Malheureusement, il faut aussi composer avec ».