Plus de 6,5 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes ce dimanche 23 janvier 2022 pour élire les maires et conseillers départementaux. Ce scrutin, le premier depuis la réélection du président Macky Sall en février 2019.
Au total 3149 listes sont en lice dans les 43 départements, 552 communes et 5 villes, selon les chiffres obtenus auprès de la DGE (Direction générale des élections). Pour la première fois, le maire sera élu au suffrage universel direct. Il y a en tout 166 listes en compétition pour les départements, 44 listes pour les villes et 2939 listes pour les communes.
La population électorale est répartie entre les 15 066 bureaux des 6 639 centres de vote.
Reporté à plusieurs reprises, le scrutin peut s’avérer complexe car les électeurs sont appelés à voter deux, voire trois fois, en fonction de la collectivité locale.
L’innovation majeure de ce scrutin est l’élection du maire de la commune au suffrage universel direct. Cette situation résulte de la modification du code électoral avec le vote de la loi 2021-35 du 23 juillet 2021. L’article L265 dispose ainsi que “le candidat tête de liste au scrutin majoritaire est élu maire de la commune si sa liste obtient le plus grand nombre de suffrages à l’issue du vote”.
S’il arrive qu’à l’issue des suffrages exprimés il y’ a égalité, le candidat tête de liste le plus âgé est élu. Sa liste remporte également les sièges.
Les élections municipales seront organisées dans les 552 communes.
Les conseillers sont élus suivant deux modes de scrutin : un majoritaire pour 40% et un proportionnel pour 60%. Le candidat, désigné tête de liste au scrutin majoritaire est élu président du Conseil département s’il obtient le plus grand nombre de suffrages à l’issue du vote. En cas d’égalité des suffrages, le candidat, tête de liste le plus âgé est élu et sa liste remporte les sièges.
Concernant les élections départementales, elles seront organisées dans 43 départements sur les 46 que compte le pays à l’exception de Dakar, Pikine et Guédiawaye. En effet, dans les collectivités où sont élus les conseillers de la ville, des élections départementales n’y sont pas organisées lorsque le territoire de la ville est le même que celui du département.
A Thiès et Rufisque, les électeurs voteront pour les trois types d’élections : départementales, municipales et de ville.
Le contrôle du scrutin sera effectué par les délégués des Cours d’appel, les superviseurs et contrôleurs de la CENA, les représentants des candidats et les observateurs. Les états-majors politiques des partis et coalitions sont sur le qui-vive avec les élections territoriales du 23 janvier 2022 en ligne de mire, un scrutin dont les résultats sont fortement scrutés car précédant d’autres échéances cruciales notamment les élections législatives de la même année et la présidentielle de 2024.
Face au bloc de la majorité présidentielle et sa puissante machine électorale, l’opposition a tenté en vain d’aller aux locales sous une même bannière. Cette dynamique s’est heurtée aux ambitions des uns et des autres. Finalement, trois grandes coalitions sont sorties : Yewwi askan wi, Wallu Sénégal et la Grande coalition Gueum sa bopp.
La haute juridiction a tranché les différends qui portent essentiellement sur le rejet de certaines listes de la coalition Yewwi askan wi (YAW) pour les élections départementales et municipales. Sur 10 recours déposés, le Ministère de l’Intérieur qui avait saisi la Cour suprême, a eu gain de cause sur les 8 tandis que les 12 recours des partis d’opposition ont tous été rejetés.
Qui gagne Dakar, gagne l’élection, a–t-on coutume de dire.
La capitale demeure un enjeu aux allures de test grandeur nature pour les législatives de juillet 2022 et la présidentielle de 2024.
La capitale sera âprement disputée entre les différents candidats de la mouvance présidentielle, Abdoulaye Diouf Sarr (ministre de la Santé) et celui de la coalition d’opposition « Yewwi Askan Wi » (Barthélémy Dias), il y a celle de la maire sortante, Mme Soham El Wardini, qui dirige la liste du parti « Union citoyenne Bunt Bi ». Elle tient à obtenir un mandat entier de cinq ans, après avoir remplacé son prédécesseur Khalifa Sall destitué par un décret présidentiel après son emprisonnement dans le procès dit de « la caisse d’avance » de la mairie de Dakar.
A Ziguinchor, ces locales seront principalement un test grandeur nature pour Ousmane Sonko, candidat de la Coalition « Yewwi Askan Wi ». Une victoire validerait son statut de leader dans cette région et consoliderait son aura sur le plan national. Ses ambitions présidentielles sont clairement affichées : une victoire ou une défaite pourrait être déterminante pour son avenir politique.
A Thiès, fief d’Idrissa Seck allié du parti au pouvoir, la coalition au pouvoir va y faire face à un ancien ministre du régime, Thierno Alassane Sall. Cet ancien ministre du pétrole avait démissionné avec fracas du gouvernement de Macky Sall il y a quelques années. Thiès, c’est aussi le fief d’Idrissa Seck, ancien premier ministre, ex-candidat arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, et surtout ancien maire de la ville. En novembre 2020, il a rejoint la mouvance présidentielle après avoir été un farouche opposant au président Macky Sall.