Renversée en février 2021, l’ex-cheffe du gouvernement civil de Birmanie, Aung San Suu Kyi, a été condamnée lundi 6 décembre pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19.
La récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1991, 76 ans, est assignée à résidence depuis le coup d’État du 1er février qui a mis un terme brutal à la transition démocratique en cours en Birmanie depuis 2010.
Jugée depuis juin, elle est inculpée pour une multitude d’infractions : importation illégale de talkies-walkies, sédition, corruption, fraude électorale…
De nombreux observateurs dénoncent un procès politique dans le but de neutraliser la gagnante des élections de 2015 et de 2020.
Lundi, l’ex-cheffe du gouvernement civil, renversée par l’armée en février, « a été condamnée à deux ans de prison en vertu de la section 505(b) et à deux ans de prison en vertu de la loi sur les catastrophes naturelles », a déclaré par téléphone à l’AFP un porte-parole de la junte Zaw Min Tun.
L’ancien président Win Myint a été condamné à la même peine, a-t-il dit, ajoutant qu’ils ne seraient pas conduits en prison pour le moment.
« Ils devront faire face à d’autres accusations depuis les lieux où ils séjournent actuellement » dans la capitale Naypyidaw, a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
La condamnation pour incitation est liée à des déclarations publiées par le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), peu après le coup d’État, condamnant la prise de pouvoir par les généraux.
Le chef d’inculpation relatif à la COVID-19 est lié quant à lui aux élections de l’année dernière, que la LND a remportées haut la main, mais les détails ne sont pas connus, la junte ayant imposé le silence sur les procédures judiciaires.
Elle risque des dizaines d’années de prison si elle est reconnue coupable de tous les chefs d’accusation.
Le prochain verdict est attendu pour le 14 décembre, pour une autre infraction à la loi sur les catastrophes naturelles.
Les journalistes n’ont pas le droit d’assister aux débats du tribunal spécial dans la capitale construite par les militaires, et les avocats de Suu Kyi se sont récemment vu interdire de parler aux médias.