Par Abdou DIAW, Journaliste économique
C’est aujourd’hui que le Sénégal rouvre officiellement son espace aérien après l’avoir fermé, le vendredi 20 mars 2020. Cette décision, prise suite aux recommandations des professionnels de la santé et de l’Oms pour rompre la chaine de transmission du Covid-19, a été maintes fois prorogée du fait de la persistance de la crise sanitaire qui avait fini de ralentir voire mettre aux arrêts le secteur des transports aériens et les activités connexes. La fermeture des frontières terrestres a entrainé la suspension de l’exploitation de tous les vols en provenance et à destination des aéroports du Sénégal, à l’exception des vols domestiques entre Aibd et Ziguinchor, des vols cargo, des évacuations sanitaires et des vols spéciaux autorisés. Pendant près de quatre mois, le Sénégal, à l’instar des autres pays du monde, s’est replié sur lui en raison de l’ampleur de la Covid19. En dépit de toutes les actions déployées par les autorités et les efforts de préventions consentis par les populations, la pandémie est plus que présente sous nos cieux, plongeant l’activité économique dans une léthargie sans précédent.

L’Etat, pris en tenaille entre l’enclume de la préservation de la santé des populations et le marteau de la sauvegarde de l’activité économique, a desserré l’étau en décidant, le 29 juin 2020, de lever l’état d’urgence et le couvre-feu. Ouf !!! Comme si elles se trouvaient dans une geôle, les populations semblent aujourd’hui humer l’air de la liberté. C’est dans cette perspective que l’Etat annonce également la reprise des vols internationaux, prévue ce 15 juillet. L’espoir renaît ; un redécollage du secteur se dessine à nouveau. L’Etat se montre engagé à remettre les transports aériens sur les sentiers de la relance malgré la crise. Les acteurs de la chaîne aéroportuaire, touristique et hôtelière retrouvent le sourire.
Ces trois secteurs, durement touchés par la pandémie de la Covid19, ont plus que jamais besoin d’être relancés en urgence. Avec cette reprise, l’on espère revoir toutes les autres activités qui étaient en hibernation se redresser et jeter les bases d’une relance globale de l’activité économique nationale mal en point. Cette réouverture est d’autant plus importante qu’elle permettra aussi de sauver ces milliers d’emplois directs et indirects, pris en sursis, et qui officiaient sur les plateformes aéroportuaires du pays, notamment à l’Aibd. Voilà une infrastructure qui, en trois ans d’existence, commençait à prendre ses ailes et imprimer ses marques dans le concert des aéroports du monde. Hélas ! La pandémie est venue plonger l’aéroport dans une zone de turbulence en pénalisant presque toutes ses activités. «Depuis la fermeture des frontières aériennes, nous avons perdu 98% de notre trafic. Les 2% restants relevaient des activités liées aux évacuations sanitaires, aux vols spéciaux, aux cargos», confie au bout du fil, Xavier Mary, directeur général de Limak airport service (Las). Il dit espérer reprendre 30% du trafic de l’Aibd dans les deux prochains mois.

Nous reconnaissons tous que le virus est encore là. Mais que faut-il faire ? Fallait-il continuer à laisser les compagnies aériennes clouées au sol ? Les enjeux sont énormes pour le Sénégal qui ambitionne d’accueillir trois millions de touristes par an à l’horizon 2023. La réalisation de cet objectif passe nécessairement par le renforcement de l’attractivité de la destination Sénégal dans la sous-région, en partenariat avec Air Sénégal pour la poursuite du hub aérien sous-régional. Compagnies aériennes, autorités de régulation de l’aviation civile, gestionnaires de plateformes aéroportuaires, agences de voyages… bref, tous les acteurs de la chaîne du transport aérien et touristique sont tenus de conjuguer leurs efforts afin de réussir la reprise des vols internationaux.
En réalité, c’est facile de redonner un coup d’envoi à la réouverture de l’espace aérien à travers une cérémonie, toute symbolique et solennelle, mais tout l’enjeu réside dans le maintien de la cadence des activités tout en respectant la rigueur du protocole sanitaire. Au regard de l’évolution de la situation sanitaire dans le monde, certains Etats continuent de maintenir leurs mesures restrictives. Des actions qui n’encouragent guère le processus de reprise effective des vols internationaux. L’acte posé par les pays de l’Union européenne et de l’espace Schengen d’autoriser une quinzaine à entrer dans leur espace aérien en est une illustration. Concernant le Sénégal, l’on s’interroge sur les compagnies qui seront admises à son espace ; la question de la rentabilité de l’exploitation commerciale des vols et l’éventualité de l’institution d’un visa sanitaire.

